Action missionnaire
Être une femme en Mission
Par Adeline SIERRA
Installée depuis trois ans au Congo Brazzaville avec sa famille, Adeline Sierra, répond aux questions qui lui sont régulièrement posées sur sa place dans la mission : Comment est ta vie quotidienne là-bas ? Que fait une femme missionnaire ?
Un quotidien ordinaire dans un autre contexte culturel
En premier lieu, mon quotidien se décline dans des tâches tout à fait courantes : gérer les trajets scolaires et les après-midis avec mon second qui n’a école que le matin, javelliser fruits et légumes du marché, se ravitailler en eau potable, faire réparer régulièrement les pneus crevés… Une routine, souvent pimentée d’aléas propres au pays ! Il a fallu aussi accepter que tout s’arrête, quand la maladie est là, revient, traine, et que les forces ne sont pas au rendez-vous pour tout mener à bien. Bien que déconcertante au début, une des premières leçons apprises en mission est que le service pour Dieu concerne déjà cette vie ordinaire où il m’a placée, avec mes faiblesses. Comment suis-je ? avant Que fais-je ? Partir, c’est aussi devenir étranger : nombreux sont les questionnements face aux nouvelles situations rencontrées. Que penser de ce qui me dérange ? À quoi relier ce qui est différent dans l’Église : une simple spécificité culturelle ou autre ? Qu’en dit la Parole de Dieu ? Tout m’incite à questionner ma culture d’origine, celle d’accueil, et à approfondir ce que la Bible enseigne de façon universelle, transcendant les cultures. Une excellente gymnastique spirituelle !
Et maintenant, en quoi consiste mon travail en mission ?
Dans chaque champ missionnaire, le travail sera différent, s’adaptant aux besoins du terrain. Notre mandat au Congo a pour principal objectif de soutenir les églises AD et plus spécifiquement la formation pastorale. Alors que mon mari était attendu dès notre arrivée dans l’enseignement pastoral, mon service s’est trouvé être beaucoup plus informel.
Cela a débuté simplement par la participation aux réunions de femmes afin de faire connaissance. Quelques occasions m’ont ensuite été données de partager avec elles la Parole de Dieu. Comment ne plus vivre dans la peur de la mort ? Marcher dans une vie consacrée ? Traverser les souffrances ? Quelle espérance future attendons-nous ? La Bible répond aux besoins de toutes, quelques soient nos origines et nos histoires.
Médecin du travail de formation, je me suis intéressée au contexte médical
S’il est possible à Brazzaville d’être reçu rapidement par un professionnel de santé (aide-soignant ou infirmier, plus rarement médecin), dans les villages il faut parfois plusieurs journées pour se rendre dans un centre de santé. Cependant l’accès aux soins ne fait pas tout. Chaque acte est payant, sans système de sécurité sociale, ce qui retarde la prise en charge. Mais encore, même quand la somme nécessaire est réunie, les diagnostics et traitements proposés sont trop souvent inadaptés. Avec l’aide des AMJ, nous aidons financièrement des pasteurs ou membres de leur famille, pour des consultations, examens, traitements d’urgence ou opérations. De plus, je tiens à conseiller, orienter et même rencontrer les médecins afin d’améliorer le parcours et la qualité des soins. Par exemple, un pasteur était suivi depuis des mois à la suite d’une suspicion de diabète et d’asthme, avec des frais difficiles à supporter pour sa famille. Je l’ai longuement accompagné pour qu’un diagnostic précis soit posé. Au final il ne présente aucune des maladies supposées. Correctement soigné, ce serviteur ne nécessite aujourd’hui aucun traitement et se consacre à nouveau entièrement à son service.
Au-delà de cet appui au cas par cas, comment aider plus largement les bien-aimés des églises ?
Convaincue de l’efficacité de la prévention collective, je me suis engagée dans la formation du personnel d’un dispensaire à un jeu pédagogique pour animer des séances d’éducation nutritionnelle et d’hygiène auprès de mamans et jeunes enfants. Après cette première expérience probante, une perspective serait de déployer cet outil dans d’autres centres de santé du pays ou auprès des croyants.
Une dernière ouverture me tient spécialement à cœur. Ancienne monitrice d’école du dimanche, il m’a été demandé d’intervenir récemment dans deux formations de moniteurs puis, pour un cours de 25 h, à l’Institut, auprès des étudiants en formation pastorale. Alors que les enfants représentent près de la moitié de l’auditoire, nombre d’assemblées n’ont pas encore de programme établi et certaines manquent d’ouvriers. Il est urgent de former la jeune génération de moniteurs, leur apprendre à raconter une histoire biblique et tirer un enseignement juste et adapté à l’enfant.
Quelles priorités ?
Parfois dépassée devant l’immensité des besoins, je suis encouragée par l’exemple de Jésus, lui qui a parfaitement réalisé la volonté de Dieu sur terre. Il savait tout aussi bien nourrir les foules que prendre le temps d’être avec une seule personne.
À sa suite, dans tous les aspects de nos vies,
« efforçons-nous de discerner ce qui plaît au Seigneur » (Éphésiens 5/10).
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