Quel serait le programme politique de Jésus en cette période électorale ?

« Comme il arrivait à la porte de la ville, il rencontra un convoi funèbre : on enterrait le fils unique d’une veuve. Beaucoup d’habitants de la ville suivaient le cortège.

Le Seigneur vit la veuve et il fut pris de pitié pour elle ; il lui dit :

—Ne pleure pas !

Puis il s’approcha de la civière et posa sa main sur elle. Les porteurs s’arrêtèrent.

—Jeune homme, dit-il, je te l’ordonne, lève-toi !

Le mort se redressa, s’assit et se mit à parler. Jésus le rendit à sa mère.

Saisis d’une profonde crainte, tous les assistants louaient Dieu et disaient :

—Un grand prophète est apparu parmi nous !

Et ils ajoutaient :

—Dieu est venu prendre soin de son peuple ! »

(Luc 7/12-16 ; version du Semeur)

sus, le Christ, est né en Galilée, région voisine de la Judée occupée par les Romains

À cette époque, les Juifs de cette région ne vivent que dans l’attente d’une libération, tels les Français attendant le débarquement des alliés en 1944.

La majorité des habitants souffre des effets de cette occupation qui devient de plus en plus oppressante au quotidien. La pression sociale est forte.

Au-delà d’un libérateur, les Juifs ont surtout soif d’une restauration spirituelle et religieuse qui doit s’incarner au travers de la venue du Messie promis. Il doit venir les sauver et leur permettre de retrouver l’indépendance politique perdue suite à l’invasion des Romains en l’an – 63.

Lorsque Jésus débute son ministère, son pays est donc traversé par de fortes tensions sociales et politiques. Les conditions idéales pour déclencher une révolte populaire, une résistance armée ou la création d’un nouveau parti politique sont donc rassemblées.

Par les fruits bénis de son ministère puissant, Jésus devient rapidement populaire.

Son autorité, les miracles qu’il accomplit et sa prédication attirent les foules : les conditions parfaites pour organiser un meeting politique sont réunies en vue de renverser le pouvoir de l’occupant romain. Tout candidat qui souhaiterait accéder au pouvoir en profiterait. Mais la cause que Jésus plaide ne nécessite pas la mise en œuvre de publicité particulière, de campagne de communication ou de grand événement électoral.

La grande différence entre un candidat qui a pour objectif de se faire élire et Jésus, c’est que le fils de Dieu ne cherche pas à séduire un électorat, il veut simplement servir son prochain, transmettre le message divin et sauver l’humanité par le don de sa vie.

Le Christ n’a pas mené d’actions de lobbying destinées à influencer l’opinion publique mais il a laissé chaque homme, chaque femme venir à lui sans être instrumentalisé par une stratégie marketing ou une promesse de prospérité financière.

Nous savons que Jésus a une autorité extraordinaire, puisée dans l’amour et l’Esprit Saint de Dieu son Père. Pas cette autorité qui a pour but d’asservir le peuple par le moyen d’un nouveau système religieux, mais celle qui vient d’en haut et qui prend naissance humblement dans une étable.

Jésus est pourtant une personnalité publique dont la notoriété ne cesse de progresser de jour en jour. Le rêve pour un candidat aux élections présidentielles ! Des foules immenses le suivent car elles trouvent en Christ une parole d’eau vive, des miracles, de la nourriture physique et spirituelle, le chemin vers le ciel.

Il est donc logique que les puissants de l’époque s’inquiètent de cette popularité grandissante qui risque de « faire de l’ombre » à leur autorité religieuse ou politique.

La grande différence est que l’attitude de Jésus est très originale pour cette période de l’histoire. Car il ne cherche pas à créer un rapport de force avec les pouvoirs en place, il n’alimente pas une polémique stérile, il n’utilise pas des artifices de séduction, ne divise pas pour mieux régner et n’humilie pas pour le plaisir.

Ému de compassion, Jésus-Christ s’adresse simplement à chacun de ses interlocuteurs en leur demandant « que veux-tu que je te fasse ? » (Luc 18/41).

Il se met au niveau de chaque être humain, même le plus modeste, le plus bas dans l’échelle sociale. Il prend en considération ses attentes et lui donne l’occasion de se relever.

Ses paroles sont empreintes de justice et de vérité, le peuple y est sensible.

C’est au nom de l’amour de Dieu son père que Jésus annonce le message de la Bonne Nouvelle du salut et de la justice pour tous, riches et pauvres. Il démontre ainsi que son programme pour l’humanité dépasse les actions du gouvernement de son époque qui stigmatisait toute une partie de la société au nom de la religion, des traditions ou du droit romain.

Jésus a- t-il fait de la « politique » en son sens le plus large ?

Politikos désigne ce qui concerne l’organisation générale d’une cité (en grec, polis, en latin, civitas) ou l’organisation du pouvoir dans une société.

En lisant les évangiles, nous constatons que Jésus a laissé ses concitoyens prendre leurs responsabilités dans leur choix ou leur engagement politique. Il n’a pas été lui-même un militant partisan d’un quelconque mouvement, tout simplement parce que ce n’était pas sa vocation.

Jésus est également le précurseur de la laïcité « à la française » lorsqu’il déclare : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Il instaure ainsi la séparation du domaine « temporel et spirituel » du politique et du religieux. -C’est-à-dire qu’il encourage les chrétiens à respecter le pouvoir du gouvernement tout en restant fidèles à Dieu à tous égards.

L’attitude générale de Jésus au fil de son ministère terrestre ne laisse donc pas entrevoir de confusion entre les deux pouvoirs, divin et terrestre. En d’autres termes : l’État ne doit pas se mêler de religion et la religion ne se mêle pas de politique.

L’Église chez elle et l’État chez lui, discours de Victor Hugo prononcé le 14 janvier 1850 à l’Assemblée nationale

Néanmoins, nous ne trouvons pas de contre-indication à un engagement citoyen et politique du chrétien s’il est fondé sur cette règle d’or : « Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous : c’est là ce qu’enseignent les livres de la loi de Moïse et des prophètes. » (Matthieu 7/12 ; bible en français courant).

Nous pouvons donc dire que Jésus n’a pas pratiqué le pouvoir politique mais qu’il a inspiré au fil des siècles, par ses paroles et sa vie, des milliers d’hommes et de femmes dans le monde qui se sont engagés au service du bien commun, en qualité d’élus municipaux, de parlementaires, de ministres ou de chefs d’État.

Ce programme « inspirant » pour les hommes et les femmes en responsabilité publique puise ses racines dans ces paroles de Jésus et dans la Bible

En voici quelques exemples :

Afin de ranimer le triptyque républicain « Liberté, Égalité, Fraternité » : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13/34).

Dans le cadre d’un débat politique : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. » (Matthieu 5/44).

Pour établir un équilibre dans l’usage des finances : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. » (Luc 16/13).

En matière de justice sociale : « Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli ; ou nu, et t’avons-nous vêtu ?

Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi ?

Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Matthieu 25/38-40).

Avant de déverser sa haine sur les réseaux sociaux ou dans les médias : «Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »» (Jean 8/7)

En matière d’éducation : « Honore ton père et ta mère. » (Exode 20/12).

Pour la parité « hommes/femmes » : « Il n’y a donc plus de différence entre les Juifs et les non-Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ, vous êtes tous un. » (Galates 3/28).

Et pour conclure cette liste non exhaustive, la règle d’or pour la cohésion sociale et le « bien vivre ensemble » : « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous devra devenir votre serviteur.«  (Marc 10/43).

Prions afin que les chrétiens engagés en politique (et tous les autres) s’inspirent des paroles de Jésus et des principes bibliques éternels !

Par Thierry Le Gall

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