Barzillaï, le viel homme et son roi

Par Christian CAPRON, pasteur retraité en région parisienne

Barzillaï signifie « fer de l’Éternel » ou « fait de fer ». Une manière de mettre en évidence un caractère bien trempé, du solide.

Barzillaï apparaît pour la première fois en fin de liste d’un groupe d’hommes loyaux et fidèles à David.

« Lorsque David fut arrivé à Mahanaïm, Schobi, fils de Nachasch, de Rabba des fils d’Ammon, Makir, fils d’Ammiel, de Lodebar, et Barzillaï, le Galaadite, de Roguelim… » (2 Samuel 17/27).

Puis du temps s’écoule et la dernière fois que le nom de Barzillaï est précisé, c’est pour nous faire prendre conscience de la qualité du témoignage laissé et son contexte. Le message adressé à Salomon est alors le suivant :

« Tu traiteras avec bienveillance les fils de Barzillaï, le Galaadite, et ils seront de ceux qui se nourrissent de ta table ; car ils ont agi de la même manière à mon égard, en venant au-devant de moi lorsque je fuyais Absalom, ton frère.  » (1 Rois 2/7).

Pour en savoir plus sur les conditions dramatiques dans lesquelles se trouvait David, il faut lire le chapitre 15 du deuxième livre de Samuel, et particulièrement les versets 13 et 14 :

« Quelqu’un vint informer David, et lui dit : Le cœur des hommes d’Israël s’est tourné vers Absalom. Et David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à Jérusalem : Levez-vous, fuyons, car il n’y aura point de salut pour nous devant Absalom. Hâtez-vous de partir ; sinon, il ne tarderait pas à nous atteindre, et il nous précipiterait dans le malheur et frapperait la ville du tranchant de l’épée. » (2 Samuel 15/13-14)

À l’évidence, tout départ précipité contraint au strict minimum et les besoins existentiels ne tardent pas à se faire ressentir. Là, commence l’action de Barzillaï.

1. Fidélité et loyauté à l’autorité établie par Dieu

Quand Barzillaï eut entendu parler des problèmes du roi, il semble n’avoir jamais hésité un seul instant à partager son sort. Peu importent les réserves émises lui chuchotant qu’il vaudrait mieux qu’il reste tranquille et qu’il ne s’engage pas dans un conflit où Absalom pouvait prendre le dessus. Si Absalom gagnait, Barzillaï et les siens seraient sévèrement punis. « Écoute Barzillaï, personne ne t’a rien demandé et ce n’est plus de ton âge. »

Aucun des arguments ne saurait ébranler la loyauté, la fidélité, l’engagement du cœur en faveur du roi. Barzillaï était un homme solide comme du fer, prêt à tout risquer pour la cause de la loyauté, persuadé qu’elle était au service de la vérité et du bien. Seul l’amour vrai peut engendrer un sentiment aussi fort !

2. Clairvoyance de l’impact de la situation sur David et le peuple

« … Car ils disaient : ce peuple a dû souffrir de la faim, de la fatigue et de la soif, dans le désert. » (2 Samuel 17/29).

Certes, les nouvelles se propagent rapidement, mais à cette époque personne n’avait de téléphone portable ; c’est pourquoi, Barzillaï et ses compagnons parlent au passé. La supposition est juste : le peuple loyal et fidèle à son roi a marché à un rythme soutenu, sans avoir eu le temps de s’organiser de manière adéquate. Mais, clairvoyance sans solution n’est qu’émotionnelle, elle ne résout pas le problème.

3. Concertation, programmation, réalisation du plan d’assistance

« Lorsque David fut arrivé à Mahanaïm, Schobi, fils de Nachasch, de Rabba des fils d’Ammon, Makir, fils d’Ammiel, de Lodebar, et Barzillaï, le Galaadite, de Roguelim, apportèrent des lits, des bassins, des vases de terre, du froment, de l’orge, de la farine, du grain rôti, des fèves, des lentilles, des pois rôtis, du miel, de la crème, des brebis, et des fromages de vache. Ils apportèrent ces choses à David et au peuple qui était avec lui, afin qu’ils mangeassent ; car ils disaient : Ce peuple a dû souffrir de la faim, de la fatigue et de la soif, dans le désert. » (2 Samuel 17/27-29).

Je suis stupéfié par la promptitude de la mise en action des hommes et des moyens disponibles. Il est difficile de se rendre compte de tout ce que cette liste représente en dons volontaires, en volume, etc. Il fallut de la concertation, programmer les disponibilités et l’acheminement. Nous avons la liste globale, pas celle des individus, et c’est bien qu’il en soit ainsi. Personne n’attend que l’on donne pour donner à son tour. C’est le cœur qui parle et chacun est une part de la solution.

Peut-être vous attendiez-vous à une réunion de prière pour demander à Dieu de secourir le roi et le peuple. Eh bien non, car parfois, pour ne pas dire souvent, nous avons la réponse entre nos mains. Ce qui me rappelle un article mentionnant l’intervention d’une petite fille s’adressant à son père, lors d’une réunion de prière pour un besoin spécifique. « Papa, dit-elle, pourquoi demandent-ils à Dieu puisque la réponse est dans leur poche ? » Elles sont nécessaires, précieuses, utiles, nos réunions de prières, mais parfois Dieu nous murmure que nous aussi nous avons la réponse dans nos poches.

4. Présence personnelle sur le terrain

« Barzillaï, le Galaadite, descendit de Roguelim, et passa le Jourdain avec le roi, pour l’accompagner jusqu’au-delà du Jourdain. » (2 Samuel 19/31).

Barzillaï n’était pas sans occupation. Cependant, il ne peut s’enfermer seulement dans un don matériel, aussi conséquent soit-il. « Au-delà du Jourdain » est une manière de s’assurer personnellement de la réussite, même s’il reste encore du chemin. Cela permet aussi un précieux temps d’échange avec le roi qu’il porte dans son cœur. Aussi généreux que soit le don, il n’aura jamais la valeur de la présence. Il existe une différence notable entre une réunion « Zoom » et une autre dite en « présentiel ».

5. Refus clairvoyant, argumenté quant à la proposition royale

« Le roi dit à Barzillaï : Viens avec moi, je te nourrirai chez moi à Jérusalem. Mais Barzillaï répondit au roi : Combien d’années vivrai-je encore, pour que je monte avec le roi à Jérusalem ? Je suis aujourd’hui âgé de quatre-vingts ans. Puis-je connaître ce qui est bon et ce qui est mauvais ? Ton serviteur peut-il savourer ce qu’il mange et ce qu’il boit ? Puis-je encore entendre la voix des chanteurs et des chanteuses ? Et pourquoi ton serviteur serait-il encore à charge à mon seigneur le roi ? Ton serviteur ira un peu au delà du Jourdain avec le roi. Pourquoi, d’ailleurs, le roi m’accorderait-il ce bienfait ? » (2 Samuel 19/33-36).

Il est clair que Barzillaï n’a nullement agi dans le but d’obtenir. Il n’a pas donné pour recevoir en retour. Il ne veut pas être à charge, et pour cela, il mentionne avec lucidité quelques paramètres qui affectent le vieil âge. « Barzillaï était très vieux, âgé de quatre-vingts ans. Il avait entretenu le roi pendant son séjour à Mahanaïm, car c’était un homme fort riche. » (2 Samuel 19/32). Si vous avez quatre-vingts ans, vous savez désormais dans quelle catégorie vous êtes classés ! Toutefois, souvenez-vous que très vieux n’est pas synonyme de sénile.

Acceptez la réflexion ci-après : la diminution du potentiel physique me semble être un facteur parfois négligé lors des rencontres. Malgré toute la bonne volonté, rester debout durant une demi-heure de chants peut poser problème aux seniors. Rester assis met mal à l’aise quant à l’esprit de participation et souvent, ceux qui sont devant forment une muraille. C’est parce qu’il est difficile pour la jeunesse de se projeter sur les facteurs affectant le grand âge, qu’il me paraît judicieux de souligner ce détail. Le roi ne semble pas vexé par les arguments réalistes de Barzillaï.

6. Absence de jugement ou critique

J’ai cherché où Barzillaï aurait pu porter un jugement sur le roi ; je n’ai pas trouvé. Pourtant, la Bible nous révèle que David ne fut pas sans défaut, et que sa façon de corriger ses fils, au moment nécessaire, fut plus du laisser-faire qu’autre chose.

7. L’impact sur ses fils

« Tu traiteras avec bienveillance les fils de Barzillaï, le Galaadite, et ils seront de ceux qui se nourrissent de ta table ; car ils ont agi de la même manière à mon égard, en venant au-devant de moi lorsque je fuyais Absalom, ton frère. » (1 Rois 2/7).

Ces mots, « car ils ont agi de la même manière à mon égard », sont suffisants pour exprimer le sens des valeurs inculquées par le père. Rien ne remplacera l’exemplarité. La maison restera toujours le premier lieu de l’enseignement spirituel.

Conclusion

N’y a-t-il pas, en Barzillaï, une leçon d’hier pour aujourd’hui ? Un appel ou rappel de ce que doit être tout chrétien au service de Jésus le Roi des rois ?

  • Barzillaï = Un amour permanent, profond, intense, sans limite dans la durée.
  • Barzillaï = Un cœur généreux, trouvant et saisissant toujours une occasion de servir son roi.
  • Barzillaï = Un cœur possédant le fruit de l’Esprit (Galates 5/22)
  • Barzillaï = Un caractère sans conflit générationnel, bien que conscient des aléas du temps qui passe.
  • Barzillaï = Un modèle de vie qui, sans le demander, laisse des marques positives impactant le futur.
  • Barzillaï = Toujours présent quand il le faut, tout en sachant, l’heure venue, se retirer discrètement sans que cela n’affecte l’authenticité de son amour pour son roi.

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