[Edito] La compassion

Par Thierry CHAMBEYRON

Nous sommes en permanence abreuvés d’images choquantes en provenance des médias, et les scènes de violence, qu’elles soient réelles ou virtuelles, sont devenues monnaie courante sur nos écrans.

Il serait bien naïf de croire que ce flot de brutalité qui nous inonde quotidiennement soit sans conséquence. En effet, ce que nous voyons et entendons aura inévitablement un impact sur notre âme, nos humeurs et notre perception du monde. N’est-il pas écrit que Lot « tourmentait journellement son âme à cause de ce qu’il voyait et entendait » (2 Pierre 2/8) ?


Cette banalisation de l’image pourrait bien aussi, à la longue, nous rendre imperméables face à la misère humaine. Comme pour se préserver du monde extérieur, il semblerait que notre subconscient se soit fabriqué une sorte de carapace mentale nous permettant de surfer sur l’info sans tomber en dépression. Paul entrevoyait déjà ce phénomène lorsqu’il déclarait que dans les derniers temps les hommes deviendraient « insensibles » (2 Timothée 3/3).

En revanche, nous remarquons que Jésus, lui, avait la capacité de s’émouvoir face à la détresse, l’injustice, le désespoir et les larmes.

Il pleura en public devant le tombeau de Lazare (Jean 11), et fut fréquemment « ému de compassion » face à la souffrance de son prochain. C’est d’ailleurs cette empathie notoire qui le poussera à secourir le malheureux, le souffrant, le paria. La compassion, qui est une expression de notre amour pour autrui, était donc le moteur de Jésus. Elle alimentera son ministère durant trois années, et sera même à l’origine de sa venue sur la terre.

Le mot compassion se dit en hébreux racham et il exprime la grâce, la miséricorde, la tendresse d’une mère pour son enfant, ou l’affection d’un père pour son fils. Il est aussi traduit par « entrailles » ou « sein maternel ». Avoir de la compassion pour une personne c’est être « remué dans ses entrailles ».

Par exemple, lorsque Joseph retrouva son frère Benjamin, il est écrit que

« ses entrailles (racham) étaient émues pour son frère, et il avait besoin de pleurer ; il entra précipitamment dans une chambre, et il y pleura. » (Genèse 43/30).

Le mot compassion vient aussi du latin cum patior, qui signifie « souffrir avec », c’est un sentiment par lequel une personne est amenée à ressentir la souffrance d’autrui et poussée à y remédier.

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui. » (1 Corinthiens 12/26).

Certes, il ne s’agit pas de verser dans la mièvrerie ou dans une sensiblerie exacerbée, mais plutôt de réagir positivement et de tout mettre en œuvre pour venir en aide à celui qui souffre. C’est ce que fit Jésus.

2 000 ans plus tard, sommes-nous toujours capables d’éprouver de la compassion face à la misère du monde ?

« Celui qui souffre a droit à la compassion de son ami, même quand il abandonnerait la crainte du Tout-Puissant. » (Job 6/14).

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