En Côte d’Ivoire, formation et reconnaissance sur une terre de réveils
Par Romuald HANSS, missionnaire de l’Action Missionnaire au Togo
Un premier protestantisme apparaît en Côte d’Ivoire à la fin du XIXe siècle. La mission catholique officiellement établie (1895) peine à obtenir des convertis.
L’arrivée du prophète d’origine Grébo du Libéria, William Wade Harris (1860-1929), va bouleverser les modes de vie. Son ministère itinérant, très court (quatorze mois entre 1913 et 1915), produit la repentance et la conversion de 100 000 personnes de la frontière sud du pays jusqu’à la Gold Coast voisine. Missionnaire trans-ethnique, il traverse les pays Neyo, Brignan, Ahizi, Alladjan, Adioukrou, Nzima, Ébrié et prêche aussi au Fanti. Son ministère charismatique incarne un proto-pentecôtisme : il chasse les démons, prie pour la guérison et parle en langues. Le « phénomène » Harris est perçu comme étant le véritable père du christianisme en Côte-d’Ivoire.
En 1958, la mission française des Assemblées de Dieu arrive à Katadji dans le berceau des Églises méthodistes, héritières du prophète Harris. Au début des années 1960, un réveil éclate dans la localité, avec notamment la visitation nocturne d’une chorale angélique qui frappe les esprits. En 1973-74, un plus grand réveil embrase le pays avec les campagnes de l’évangéliste Jacques Giraud, permettant une évangélisation plus vaste.
Sur les dix dernières années, l’EEADCI (Église Évangélique des Assemblées de Dieu de Côte d’Ivoire) a connu une forte croissance, passant de 740 à 5 029 Églises, au travers notamment de son Programme National de Prière pour le Réveil (PNPR).
Lors de sa convention nationale du 13 au 16 février 2024, au temple Bethsaïda de Yopougon à Abidjan, devant les 1600 pasteurs réunis, Romuald Hanss, missionnaire à la Fatad de Lomé, a fait la présentation du programme doctoral francophone de PAThS (Séminaire Théologique Panafricain), démarré en 2023.
Les diverses rencontres organisées témoignent de l’élan spirituel et de la générosité de cette Église. Lors d’une cérémonie de près de cinq heures, elle a honoré plus de cent-cinquante de ses cadres. Les instituts bibliques pastoraux ont chacun reçu un véhicule de fonction de la part du Bureau exécutif. Un témoignage spécial a été donné en direction de tous les anciens présidents de l’EEADCI (au nombre de six). Chacun, de même que le premier missionnaire en Guinée, Michel Golé, a reçu une maison pour sa retraite en signe de reconnaissance du service donné pour le Seigneur.
Le dynamisme de cette Église apparaît dans la formation des nouveaux pasteurs au travers de la création de deux campus de l’école biblique à Toumodi (2014) et Abengourou (2018). Ce dernier, avec 134 étudiants, est encore sur son premier lieu d’aménagement, un ancien site hôtelier comprenant une boite de nuit reconvertie en salle de classe des troisièmes années ! Le nouveau site d’Adou Koffikro, de deux hectares, dans la banlieue de la ville, sera bientôt investi. Des livres de théologie fournis par l’Action Missionnaire font le bien d’une bibliothèque qui a besoin de s’enrichir.
L’EEADCI est devenue en une décennie le moteur de la progression missionnaire du message pentecôtiste en francophonie. Sa 13e Convention Nationale accueillera, du 20 au 25 août, 75 000 croyants dans les deux stades de Bouaké. Le thème, « Le réveil missionnaire, une affaire de tous et pour tous », est illustré par l’hymne composé à cette occasion :
Avançons dans la même vision
D’un même cœur, comme une seule nation
Assemblées de Dieu de Côte d’Ivoire
C’est le temps du réveil, c’est le temps de l’Esprit
Refrain : Ô feu sacré du réveil,
Embrase nos vies en éveil
Et faits de nous des missionnaires
Aux quatre coins de la terre !
Levons les yeux, les champs blanchissent pour la moisson
Le maître est à la porte.
Le réveil est là ; allons pour la moisson
Le culte du dimanche, à l’Église des Assemblées de Dieu de Niangon-Sud, suivait la semaine de la victoire de la Côte d’Ivoire à la Coupe d’Afrique des Nations, interprétée par les chrétiens comme un signe de la bénédiction qui repose sur ce pays. Récemment, le pasteur principal, le Dr Jean-Marie Tiacoh a fait poser la première pierre du futur temple qui pourra accueillir un lieu de culte et d’activités pour 24 000 personnes !
Cette croissance implique tout le soin à donner à la formation des pasteurs pour paître une grande partie de l’Église, assez jeune. Les quatre campus de l’école biblique (Katadji, Daloa, Toumodi et Abengourou) ont pour défi l’accompagnement de cette vision missionnaire.
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