La tentation des partis populistes
À une période où, en Europe, beaucoup de pays s’engagent dans des politiques identitaires, il est très important que les chrétiens aient une juste compréhension de leur propre identité et sachent que penser, comment prier et s’engager dans les questions politiques.
Le mot « populisme » est un terme neutre que le dictionnaire définit ainsi : « Politique qui s’adresse aux classes populaires, fondée sur la critique des systèmes et de leurs représentants. » De même, le nationalisme revêt plusieurs formes. L’histoire européenne montre des exemples de mouvements nationalistes qui se sont efforcés de libérer des gens de l’oppression, mais aussi des exemples d’idéologie nationaliste à l’origine de divisions et de conflits. Nous devons donc apprendre à discerner quand nous, chrétiens, pouvons cautionner un mouvement populiste ou nationaliste et quand au contraire nous devons nous préparer à nous opposer à un programme nationaliste injuste et potentiellement dangereux.
Les slogans du populisme sont « le peuple », « les élites », « la volonté du peuple » et « les ennemis du peuple ». On peut trouver le populisme dans la droite radicale comme dans la gauche radicale. Il défend généralement une idéologie nativiste (l’idée que les États devraient être habités uniquement par des membres de groupes nés sur le sol national et que les éléments non-natifs constituent une menace). Le populisme soulève des questions qui n’ont que peu été abordées par les grands partis, comme l’immigration, la globalisation et l’intégration européenne.
Les mouvements populistes s’efforcent d’attirer ceux qui sont laissés pour compte économiquement et culturellement par une politique libérale et par le libéralisme qui rejette les valeurs traditionnelles. Le danger c’est que les mouvements populistes divisent la société en « nous les bons » le peuple réel, et les «autres, les mauvais, voire les méchants ». Dans la définition des « bons » et des « autres », les identités religieuses jouent un grand rôle dans plusieurs nations européennes. L’appel populiste pour un retour à l’héritage religieux de la nation se fonde souvent plus sur le sentiment d’appartenance que sur une croyance, sur la renaissance d’une identité religieuse héritée avec ses symboles et ses traditions mais sans véritable contenu spirituel.
Le nationalisme n’a pas de définition claire. Dans l’histoire, les luttes ethniques pour l’auto-détermination culturelle et politique, en particulier contre la domination coloniale, ont été considérées avec bienveillance. Mais le nationalisme ethnique s’expose à l’idolâtrie si l’État, les gens, la race exigent la loyauté suprême ; il a souvent conduit à la xénophobie et aux conflits.
Questions à se poser à propos des mouvements nationalistes et populistes
Dans le contexte des mouvements nationalistes en Europe, voici quelques questions qu’il est bon de se poser :
Pour commencer, avons-nous une compréhension juste de notre identité en Christ ? Savons-nous qu’elle doit faire l’objet de notre première loyauté et que c’est elle qui déterminera notre comportement vis-à-vis de notre culture et notre nation ?
Avons-nous la certitude que le parti ou le mouvement n’exigent pas une loyauté absolue ? L’idéologie du parti est-elle compatible avec notre loyauté primordiale à Christ ?
Si un mouvement politique est né en réaction à un sentiment d’injustice ou d’oppression, identifie-t-il les problèmes avec exactitude, propose-t-il une solution réaliste qui contribuera au bien-être de l’ensemble de la communauté ? Ou cultive-t-il le sentiment de victimisation, de grief et de reproches contre d’autres groupes de la société ?
Favorisera-t-il le développement humain, le respect de la culture, un sentiment d’identité et d’appartenance pour tous ?
Respecte-t-il la démocratie, les droits de représentation et la justice pour tous ?
Respecte-t-il les droits et les besoins des minorités, leur permet-il de participer à la vie de la société ?
Respectera-t-il le droit des demandeurs d’asile et favorisera-t-il l’intégration des immigrants ?
Favorisera-t-il un développement économique durable, la protection des gens vulnérables et des pauvres ?
A-t-il l’intention de nouer des bonnes relations avec les pays voisins et de respecter les autres cultures ?
Conclusion
Les chrétiens doivent une loyauté primordiale à Christ. Mais nous vivons notre vocation dans le contexte d’une nation et d’une culture. À condition que nous reconnaissions que son autonomie est limitée, la nation peut nous procurer un sentiment positif d’appartenance et de communauté. Mais il nous faut toujours discerner les aspects de notre nation et de notre culture que nous pouvons approuver et ceux que nous devons contester à la lumière de la nature de Dieu révélée dans le récit biblique.
À une époque de recrudescence du nationalisme en Europe, il est vital que nous examinions attentivement et dans la fidélité à Christ les déclarations et l’idéologie des mouvements et partis politiques. Ne nous laissons pas égarer ni manipuler par des références aux « valeurs chrétiennes » ou à l’« héritage chrétien ». Si ces valeurs et programmes « chrétiens » ne sont pas en accord avec le caractère de notre Seigneur et sa Parole, il faut les combattre.
Alliance évangélique européenne
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