« Le jour où tout en moi a changé ! »
Témoignage d’Henri Sabata
Quand le Seigneur s’est révélé à moi, j’avais 22 ans et demi. Je finissais mon service militaire et revenais d’Algérie. Nous étions en 1961. Je retrouvais ma famille et ma fiancée.
Un mois après mon arrivée, ma belle fiancée m’apprend qu’elle a rencontré quelqu’un. Je peux vous dire que j’ai changé de couleur. Pensant me rassurer, elle m’a dit que ce n’était pas un garçon. Et la voilà m’expliquant qu’elle avait trouvé Jésus. La surprise a été grande, je m’attendais à tout sauf à ça.
Je suis passé du rire à la colère et des jurons sortaient de ma bouche ! Je ne pouvais pas croire que Gisèle s’était laissé attraper par une secte. Elle a essayé de m’expliquer que Dieu ou Jésus existait vraiment. Mais rien n’y a fait, ma colère était telle que les seuls mots qu’elle a pu me dire étaient « viens et vois » !
Les dents et les poings serrés, le cœur rempli de colère, j’ai décidé de rompre mes fiançailles, en lui disant que j’irais trouver ce pasteur et lui arrangerais le portrait. Les jours suivants, tout tournait en moi, surtout que j’étais fort amoureux.
Mais avant de rompre, je voulais aller voir, en secret, de quoi il retournait. Surtout qu’une petite voix résonnait dans ma tête : « Viens et vois. »
J’ai mis la panique dans sa famille. Me connaissant, un peu trop sanguin, et pratiquant la lutte gréco-romaine, ma belle a donné l’ordre de ne surtout pas me dire où se passaient les réunions. « Il est capable de faire un scandale », disait-elle !
Je ne me souviens pas du tout comment j’ai réussi à trouver l’adresse.
Un soir, avec mon vélo, je suis arrivé devant une salle, rue Temponière à Toulouse. Dans le hall d’entrée, il y avait une grande quantité de mobylettes, de solex et de vélos, j’ai accroché le mien. Je suis entré et j’ai trouvé une chaise vide dans le fond. J’ai écouté l’histoire d’un général Naaman que l’on trempait dans l’eau. Et je n’ai strictement rien compris de ce qui était dit.
Une fois que le pasteur Henri Grisel a terminé de parler, je me suis vite levé, très vite même, et je suis parti. J’ai enfourché mon vélo, allumé ma cigarette et filé, direction rue Saint-Rome. Arrivé presque à la fin de la rue, une étrange chose s’est passée. Je me suis mis à frissonner, avec la vague impression d’une présence à côté de moi, en moi, difficile de l’expliquer. Et voilà que d’un coup je me suis mis à pleurer à chaudes larmes. Ma cigarette toute mouillée se coupait en morceaux et je l’ai crachée par terre.
Roulant toujours, arrivé place du Capitole à l’angle du Donjon, je n’ai pas pu aller plus loin tellement je pleurais. Une voix me parlait et me disait : « Tu vois que le Seigneur existe. » Dans mes larmes j’ai entendu cette phrase se répéter trois fois. Dans la panique, je tournais la tête dans tous les sens pour voir d’où venait la voix.
Je ne trouvais pas les mots, et je répétais à haute voix :
« Mais alors c’est vrai, Seigneur, tu existes, tu existes vraiment ? »
et je cherchais toujours d’où venait cette voix.
Les gens qui passaient me voyaient pleurer sur mon vélo et parler tout seul, en disant « Mais alors Seigneur, tu existes ? »
Je ne sais pas combien de temps je suis resté ainsi, longtemps sans doute. De retour à la maison, le nom de Jésus ne faisait que résonner dans mon esprit. Les jours suivants, moi qui d’habitude étais bavard, je suis devenu muet ; et ce nom de Jésus tournait dans ma tête.
Je suis retourné à la réunion, toujours sur ma chaise au fond de la salle, j’ai aperçu devant moi ma future belle-mère et ses trois filles, dont ma fiancée. À la fin de la réunion, une fois de plus, je suis vite parti pour qu’elles ne me voient pas. Il y avait un tel bouleversement en moi que je ne savais plus où j’en étais.
C’est alors qu’un soir, dans mon lit, la cigarette aux lèvres, je l’ai allumée, j’ai tiré une bouffée et je l’ai éteinte de suite. Joignant les mains, j’ai dit : « Seigneur, je voudrais arrêter de fumer mais je ne peux pas, mais toi, aide-moi. »
Habituellement, après le petit déjeuner, j’allumais ma première cigarette de la journée. Ma consommation journalière était d’un paquet, voire un peu plus. Ce matin-là, après avoir déjeuné, j’ai fait ma toilette et je suis parti au travail. La journée s’est passée, sans rien de spécial, sinon que le nom de Jésus se répétait en moi.
Deuxième jour, même chose, petit déjeuner, la toilette et je suis parti au travail. Troisième jour, même chose ; mais dans la journée, un collègue de travail avec qui j’échangeais des cigarettes m’a demandé si je ne fumais plus.
Je ne m’étais même pas rendu compte que je n’avais pas fumé depuis trois jours. Ma surprise a été grande de le réaliser, aucune envie, aucun manque, comme si je n’avais jamais fumé de ma vie. Quel choc cela a été pour moi ! Je me suis souvenu que trois jours auparavant j’avais demandé au Seigneur de m’aider à arrêter.
Cela a eu un tel impact sur moi que, de suite après le travail, je suis allé voir ma fiancée pour lui avouer tout ce qui m’était arrivé.
À dater de ce jour, tout en moi a changé. Je me suis mis à aimer le Seigneur et à le chercher dans sa parole. Je ne connaissais rien de lui et je découvrais un Seigneur d’amour. Je voulais raconter à tout le monde que j’avais trouvé Jésus. Je commençais à lire les Évangiles et je croyais ce qui était écrit. J’ai donc voulu mettre ma vie en règle.
Je suis allé voir mon patron et je lui ai avoué que je lui avais volé de l’argent. Comme je travaillais à la tâche, j’en profitais pour gonfler les factures. Surpris, il n’a pas voulu que je le rembourse. Même chose chez les clients, je suis retourné les voir pour leur rapporter des objets que je leur avais volés. Devant chaque porte, j’avais le cœur qui tapait comme un tambour et au Seigneur de m’aider. La tâche était difficile, comment avouer mon comportement ? La plupart ont été très surpris et j’ai pu rendre témoignage.
Jésus prenait une très grande place dans ma vie, mais, il y avait un mais !
Ma famille n’appréciait pas du tout, ni ne supportait mon changement. Elle me préférait comme j’étais avant. C’est alors que la guerre a été déclarée.
Comme cela ne faisait pas longtemps que j’étais revenu d’Algérie, ma mère disait : » Il est fou, le soleil lui a tapé sur la tête, il faut lui faire faire une cure de sommeil (en clair, m’envoyer chez les fous). Le médecin de famille m’a ausculté et n’a rien trouvé d’anormal. Ma famille m’a mis en quarantaine et m’a privé de nourriture. Et moi j’étais heureux, heureux d’avoir rencontré Jésus.
Au mois de juin, je suis allé trouver mon pasteur, « Tonton Roux », et lui ai raconté tout ce qui m’était arrivé, lui posant cette question à la fin : « Qu’est-ce qui pourrait m’empêcher de me faire baptiser ? »
Il m’a répondu :
– Tu crois au Seigneur Jésus, et qu’il est mort pour toi à la croix, pour te sauver ?
– Oui, je le crois.
– T’es-tu repenti de tes péchés ?
– Oui !
– Eh bien, rien ne t’empêche d’être baptisé ! »
En juin 1961, accompagné de ma fiancée et de ses deux sœurs, j’ai confessé le nom de Jésus dans les eaux du baptême.
Après cela j’ai beaucoup travaillé pour gagner un peu d’argent, afin de pouvoir me marier le plus vite possible.
Je priai, demandant au Seigneur de m’aider à trouver un appartement, et de plus je voulais être baptisé du Saint-Esprit. J’ai ainsi passé une nuit de prière en m’appuyant sur les paroles de Jacob, lors de sa lutte avec l’ange : « Je ne te laisserai que tu ne m’aies béni. » (Genèse 32/24). Dans la semaine, le Seigneur m’a baptisé de l’Esprit et j’ai trouvé un appartement.
Étant ouvrier dans le bâtiment, tous les jours après le travail j’allais le rénover. Début novembre, notre appartement était prêt.
Le jour de notre mariage est arrivé. Bien sûr, personne de ma famille n’est venu. L’église était presque vide, seulement une dizaine de personnes avec la famille de Gisèle. Mon cher pasteur et son épouse, Tonton et Tantine Roux, nous ont servi de témoins.
Le 18 novembre 1961, ma chérie est devenue ma femme. Elle a partagé ma vie et nous sommes restés unis, par la grâce de Dieu, durant 63 ans.
Je peux témoigner que celui-ci a béni notre union, Il a veillé et protégé notre nid d’amour. L’enfant qui est venu après 13 ans de mariage, en avril 1975, a été élevé dans l’amour du Seigneur. Notre fille a été un cadeau de Dieu, car il n’était pas certain qu’elle puisse naitre. Gisèle avait 42 ans et beaucoup de soucis de santé.
Nous avons eu des hauts et des bas, mais jamais de conflit, de disputes. L’amour du Seigneur est toujours resté dans notre maison.
Je dois tout à mon Dieu, et sans lui je n’aurais pas pu écrire mon témoignage.
Ma chérie est partie rejoindre son Seigneur, il y a quelques mois. Vivre tant d’années avec celle que l’on aime, je le souhaite à des millions et des millions de gens.
Par le passé, nous chantions ce petit cantique :
« Si tu veux le bonheur, le vrai bonheur laisse entrer Jésus dans ton cœur (bis),
Tes péchés, il efface et te fera la grâce de transformer ton être entier pour régner sur ton cœur.
Si tu veux le bonheur, le vrai bonheur laisse entrer Jésus dans ton cœur (bis). »
Beaucoup de mes frères et sœurs sont partis auprès du Seigneur, et je garde d’eux des souvenirs inoubliables.
Nous avons vu des églises naître, des églises se bâtir puis se remplir d’enfants de Dieu. Je garde un heureux souvenir de la construction de la colonie de Neffes, à Gap en mai 1968, j’avais alors 30 ans. Le papy « Monsieur Lefillatre » avait vu grand, mais il a su surmonter les épreuves.
Aux « jeunes » de mon âge, qui sont encore là (j’ai 86 ans) et qui ont gardé la foi, que Dieu vous bénisse, on se retrouvera auprès du Seigneur.
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