Les soins palliatifs
Par Martine KUN-CROUZET, auteure de Soigner avec le cœur – Itinéraire d’une aide-soignante
« Il faut avoir du cœur dans son travail et assumer de s’en servir »
Selon la définition de l’OMS, « les soins palliatifs sont des soins actifs, complets, donnés aux malades dont l’affection ne répond pas au traitement curatif. La lutte contre la douleur et d’autres symptômes et la prise en considération des problèmes psychologiques, sociaux et spirituels, sont primordiaux. Le but des soins palliatifs est d’obtenir la meilleure qualité de vie possible pour les malades et leur famille. »
J’ai eu cet immense privilège d’accompagner des hommes et des femmes dans différents services et particulièrement, dans les dernières années, en soins palliatifs. Il nous faut les assister au mieux dans ce parcours de la maladie où les douleurs sont si présentes. Bien souvent l’issue est inévitable, même si quelques patients, avec des prises en charge adaptées, peuvent retourner chez eux pour de plus ou moins longs séjours.
Quand on parle de la douleur, il ne faut pas se limiter à celles ressenties dans le corps physique : les douleurs psychologiques sont tout autant à prendre en compte. Elles sont bien souvent liées.
Nous, soignants, nous sommes à leurs côtés dans une présence attentive à leurs besoins, afin d’adapter les meilleurs traitements et leur apporter ainsi un apaisement. Heureusement en soins palliatifs nous les prenons en charge dans leur globalité, et en particulier pour la douleur. Des intervenants nous aident dans cet accompagnement (psychologue, assistante sociale, kinésithérapeute, bénévoles). Le spirituel a aussi sa place.
J’entendis un jour de la part d’une accompagnatrice des élèves soignants : « Seul celui qui souffre sait ce qu’il endure. » Une vérité tellement importante : si le patient dit « j’ai mal », c’est qu’il a mal. Le tout est de mieux discerner la douleur, la façon dont elle se manifeste et avec quelle intensité.
La personne souffrante est tellement vulnérable, fragile. Du jour au lendemain, sa dignité est atteinte, car elle peut avoir besoin d’aide même pour les gestes de la vie courante. Notre attitude bienveillante et attentive changera du tout au tout son hospitalisation.
En tant que chrétienne, j’ai entendu dire qu’il ne fallait pas utiliser le mot « compassion », mais plutôt « empathie ». Quelle différence y a-t-il entre ces deux mots ? Je pense que l’écart est faible. J’ai lu ceci : « L’empathie fonctionne comme un simple miroir des émotions d’autrui, la compassion implique un sentiment de bienveillance, avec la volonté d’aider la personne qui souffre. »
Si nous demandons aux soignants de rester à distance de la peine et du chagrin de celui qui souffre, demande-t-on au militaire de rester loin du conflit, attend-t-on du pompier qu’il ne s’approche jamais des flammes ?
« Soulager, c’est aussi bien toucher avec le cœur que par les mains. »
En repensant à mon parcours professionnel en tant que soignante, la compassion a fait partie intégrante de ma façon de faire. Jésus était revêtu de compassion, et c’est ce qui faisait la différence. Avoir les sentiments qui étaient en Jésus Christ, n’est-ce pas ce à quoi nous aspirons ?
Il m’est arrivé de prier, souvent silencieusement, quand je sentais que le patient en avait besoin, tout en le respectant dans ses croyances. Je n’ai, aussi loin que je me souvienne, jamais rencontré de patient réfractaire quant à la foi.
Je me suis laissé guider et j’ai toujours essayé d’agir avec sagesse. Je pense que ma façon de soigner et mon témoignage ont facilité cette approche.
Cette prière m’a accompagnée tout au long de mon parcours : « Aujourd’hui, quand je prends soin des patients, sois avec moi, ô Seigneur je te prie. Que mes mots soient gentils, c’est tellement important. Place dans mes mains ton toucher bénissant. Fais briller ton amour dans tout ce que je fais, ils en ont tellement besoin. »
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