Une si grande vérité
Par Barbara Grandgeorge, pour Jeanne Albert
Un regard si doux
Dans une situation si dure
Une présence si nette
Dans un corps qui ne répond plus guère
Des yeux avec un éclat d’espièglerie
Alors que l’érudition s’en est allée voir si j’y suis
Sur ce lit, avec une maladie de Parkinson, stade je ne sais combien
C’est la maman de mon amie d’enfance
Ma mémoire remonte dans le temps
Et je nous revois toutes les deux, usant nos fonds de culotte
Sur les bancs de « l’école du dimanche »
Comme on disait encore, « à l’époque ».
Ma monitrice préférée, c’était sa maman, c’était elle.
Enseignante de son métier
Passionnée qu’elle était
Par les enfants qu’elle accompagnait
Le dimanche ou à l’école.
Je la revois, avec sa valise à roulettes
Remplie de tout l’indispensable, prête !
Avec la bible en différentes versions
Pour parer à toute incompréhension
Dû à un problème de traduction !
Elle préparait nos leçons comme elle préparait sa classe
Avec ardeur, et au grand dam de ses filles, à l’aurore !
Elle avait une âme d’enfant
Et elle nous rejoignait si facilement…
Je ne me souviens plus d’aucune « leçon »
Mais de qui elle était, je me souviens
Comme quoi, nul besoin
De faire ou de paraître,
Il suffit d’être,
Il n’y a pas de meilleure démonstration.
Elle savait rire d’elle-même
Elle était drôle (elle l’est toujours par instant)
J’en ai passé des bons moments,
Au-dessus de l’école, dans cette cuisine de l’appartement,
Risotto ou pâtes au gruyère râpé
Bavardages invétérés et discussions effrénées
Elle aimait le Seigneur (elle l’aime toujours)
Elle étudiait sa parole, s’en délectait
Je revois encore la table de la salle à manger
Couverte de bibles et de livres amoncelés tout autour
D’elle, j’ai pris la bonne idée de placarder
Des textes bibliques dans mes toilettes
Il en est des toilettes comme d’une salle d’attente
On y lit tout ce qu’on trouve pour passer le temps.
Une sacrée opportunité
Pourquoi passer à côté ?
Ça, c’était avant…
Et puis, la maladie s’est invitée
Comme souvent, dans nos vies, elle le fait
D’abord des tremblements, des difficultés pour écrire
Et puis l’inexorable enchainement, pas besoin de décrire
Un lent déclin, des années de souffrance
Et dans la souffrance, l’endurance
La persévérance
Et puis un jour, un moment de grâce
Un moment d’extraordinaire présence
Au milieu des moments d’absence
L’Esprit qui parle à son esprit
Le Divin qui parle aux humains
À la question
« Que veux-tu que je leur dise de ta part ? » *
Elle répond :
« Il faut savourer le bonheur d’être sauvé. »
À cette phrase, personne ne s’attendait
Elle vient comme si de rien n’était, percuter
Nos vies bien organisées, mais parfois si fragilisées
En nous rappelant pour nos cœurs, une vérité si précieuse à garder
Une pépite, un joyau,
Un trésor que ces quelques mots…
L’essentiel est dit.
Retour à la beauté et à la puissance de l’Évangile.
Retour à la croix où tout a été accompli
Focus est fait sur notre espérance
Et sur ce qui à nos vies donne un sens.
Personnellement, je savoure encore cette phrase.
Elle m’a touchée, remuée, bouleversée,
Et durablement donné la paix.
Et vous, qu’en ferez-vous ?
*question posée par un membre de la famille pour un message à d’autres membres de la famille
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