Par Johann DELZOTTO, pasteur à Tours

L’histoire d’Agar, relatée dans Genèse 16, nous conduit au cœur d’une réalité universelle : la fuite face aux épreuves, aux erreurs ou aux conflits. Pourtant, cette fuite n’est pas une fatalité. À travers Agar, nous découvrons un Dieu qui voit, qui comprend et qui restaure.

Un nom qui reflète une attitude

Le nom d’Agar signifie « fuite » en hébreu. Une signification qui éclaire son comportement dans ce récit : elle fuit son foyer, son rôle, et les conséquences de ses attitudes. Après avoir méprisé Saraï, sa maîtresse, en raison de sa propre grossesse, Agar subit de mauvais traitements de sa part. Blessée et acculée, elle choisit de s’éloigner. Mais cette fuite souligne un danger spirituel : lorsque nos mauvaises attitudes ne sont pas corrigées, elles risquent de façonner notre identité.

Pourquoi fuir ?

Agar fuit à cause de son propre comportement, mais aussi en réaction à ce qu’elle a subi. Son mépris envers Saraï, une erreur nourrie par son orgueil, conduit à des tensions. Pourtant, sa souffrance est bien réelle. Comme beaucoup d’entre nous, elle oscille entre l’injustice qu’elle endure et le refus de se remettre en question. Ce récit nous met en garde contre la tendance à toujours nous positionner en victimes sans reconnaître nos responsabilités.

La rencontre au puits : un rendez-vous divin

Fuyant dans le désert, Agar fait une rencontre inattendue : l’ange de l’Éternel, qui est une manifestation de Jésus-Christ. Ce lieu devient bien plus qu’une halte ; il devient un rendez-vous divin. Jésus ne l’attend pas seulement : il vient à sa rencontre, là où elle est, dans sa fuite.

Il l’appelle par son nom, montrant qu’il la connaît profondément, et lui pose deux questions essentielles : « D’où viens-tu ? Où vas-tu ? » (Genèse 16/8). Ces questions l’amènent à réfléchir sur la raison de sa fuite et la direction qu’elle prend. Parfois, Dieu nous interroge non pas pour obtenir des réponses, mais pour nous confronter à nous-mêmes et nous ouvrir les yeux sur notre situation.

Un appel à revenir sous la bénédiction

L’ange de l’Éternel ne se contente pas de trouver Agar : il l’invite à revenir. « Retourne vers ta maîtresse et humilie-toi sous sa main », lui dit-il. Ce retour n’est pas un simple acte de soumission, mais une décision spirituelle importante. Abram, malgré ses erreurs, est porteur de la bénédiction divine. En s’éloignant de lui, Agar s’éloigne également de cette bénédiction et de la protection qu’elle implique.

El Roï : une nouvelle révélation de Dieu

Au puits, Agar découvre une facette de Dieu qu’elle ne connaissait pas encore. Elle proclame : Tu es El Roï, le Dieu qui me voit. Ce nom n’est pas seulement une reconnaissance : il marque une révélation personnelle et intime. Dieu n’est pas distant : il voit, il comprend, il s’intéresse à nos luttes intérieures.

Pour Agar, cette rencontre transforme sa perception de Dieu et d’elle-même. Le nom qu’elle donne à Dieu marque ce moment précis, résumant ce qu’elle a vécu et appris. Ce n’est pas une simple appellation, mais un témoignage vivant d’une expérience divine.

Graver ce que l’on vit avec Dieu

Le puits où cette rencontre a lieu porte désormais le nom de LaHaï-Roï, « le puits du Vivant qui me voit ». Ce nom inscrit dans la mémoire collective le souvenir de ce moment transformateur. C’est une invitation pour nous à ne pas oublier les moments marquants passés dans la présence de Dieu.

Que ce soit par l’écriture, la prière ou des souvenirs gravés dans nos cœurs, ces rencontres avec Dieu méritent d’être préservées. Elles nous rappellent ses promesses, sa fidélité, et la façon dont il nous a transformés.

Conclusion : Viens au puits

Dans nos fuites, nos blessures et nos doutes, Dieu est prêt à nous rencontrer. Comme Agar, nous sommes invités à venir au puits, ce lieu de rendez-vous divin, pour entendre sa vérité, recevoir sa guérison et découvrir une nouvelle intimité avec lui. Le Dieu qui voit est aussi le Dieu qui restaure, qui bénit, et qui donne un nouveau sens à notre vie.

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