Croissance et souci de justice

Actes 4/32-34

Par Frédéric Nicolas, pasteur à Cahors

« Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous. Car il n’y avait parmi eux aucun indigent… » (Actes 4/33-34).

Dans le récit que Luc fait de la vie de l’Église naissante, il relève un rapport de cause à effet entre le fait que « les apôtres rendaient avec force témoignage de la résurrection de Christ » et le fait qu’il « n’y avait parmi eux aucun indigent ». En d’autres termes, c’est parce qu’il y avait un souci des plus pauvres, des plus économiquement faibles, et plus largement un souci de justice que les apôtres rendaient témoignage avec force.

« Rendre témoignage avec force » implique une action de l’Esprit pressante, soit comme une force de conviction qui va saisir et convaincre les cœurs, soit par des miracles, des prodiges et des délivrances au nom de Christ. Et cela ne se limitait pas aux apôtres, c’était le fait de toute la communauté des croyants : « une grande grâce reposait sur eux tous ».

Maintenant, il nous faut préciser quel est ce rapport de cause à effet car, en disant les choses ainsi sans les préciser, cela pourrait laisser entendre qu’il suffit de s’occuper des plus pauvres pour qu’un phénomène de croissance de l’Église ait lieu. Cela pourrait laisser supposer une logique de mérite, de salaire et non plus de grâce. Mais il n’en est rien…

Une unité de cœur qui se traduit par de la solidarité

À plusieurs reprises, dans les premiers chapitres des Actes des apôtres, Luc relève cette unité de cœur du peuple de Dieu qui se traduisait par une solidarité économique, des distributions, et une recherche de justice. « Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. » (Actes 2/45).

À la fin du chapitre 2, là aussi dans ce contexte d’aide et de justice, il est dit : « Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (Actes 2/47).

De même au chapitre 6, c’est dans un contexte d’entraide économique, des distributions étant faites aux tables, qu’il est question de la croissance de l’Église. Lorsque les conditions de cette distribution par l’établissement des diacres ont été établies, alors « la parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem… » (Actes 6/7).

Pour revenir à notre texte, en agissant ainsi, les disciples accomplissaient ce que la loi préconisait sans jamais l’avoir atteint : « Il n’y aura point d’indigent » est une citation de Deutéronome 15/4. Dans le chapitre 15 du Deutéronome, Dieu engage son peuple à lutter contre la pauvreté en son sein, par la remise des dettes et par une entraide mutuelle pour arriver à ce que la pauvreté ne soit qu’un accident occasionnel. Dieu ajoute des promesses de bénédiction à ce commandement par lesquelles il assure la prospérité de son peuple s’il obéit dans la foi.

« Car l’Éternel te bénira dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te fera posséder en héritage… » (Deutéronome 15/4,10)

Dans cette première Église, les apôtres n’ont pas réfléchi à une « stratégie » pour envisager la croissance de l’Église, cela s’est fait spontanément, avec des cœurs transformés et touchés par les besoins des autres. La compassion n’est pas un « truc » pour fabriquer de la croissance. Ce n’est pas une question de « management » mais une affaire d’engagement de notre foi dans l’action, motivée par l’amour.

La croissance de l’Église n’est pas le but, mais elle se constate là où la foi est mise en œuvre

Car la foi agit par amour (Galates 5/13). Et cette foi en action a conduit la première Église à réaliser ce que Dieu avait prévu dans la loi. « Il n’y avait parmi eux aucun indigent. » Voilà le résultat de l’amour en action réalisant le dessein prévu pour le peuple de Dieu. Voilà ce que l’Église des Actes a saisi, voilà ce que Dieu honorait par la présence de son Esprit. Voilà cette relation de cause à effet entre une croissance animée par l’Esprit et l’amour en actes, de tous envers tous.

Dans le siècle présent, marqué par l’orgueil et l’individualisme, puissions-nous nous activer à réaliser le plan de Dieu. Il est toujours le même depuis Moïse. En espérant que l’Esprit de Dieu nous fasse encore la grâce de nous visiter.

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