Ish et Isha
Des pharisiens interrogent Jésus sur la répudiation (Matthieu 19/3). Il rebondit sur leur question pour poser les bases de son enseignement sur le mariage. Il ne situe sa réponse ni d’après la culture ni d’après la loi, mais en la ramenant au commencement. Notre compréhension du mariage ne doit donc pas se faire selon des coutumes héritées ou d’après l’évolution de nos sociétés, mais d’après ce qui était au commencement.
Le mariage et ses principes ont été institués par le Dieu créateur. Ils font partie des choses fondamentales à l’espèce humaine, ils transcendent les générations et les cultures. Même si dans sa célébration, les choses peuvent s’organiser d’une manière différente selon les temps et les personnes, les principes spirituels et moraux établis par Dieu sont les mêmes pour tous les hommes.
Découvrons-les en revenant aux sources mêmes du mariage, dans la Genèse, à la rencontre du premier couple.
1/ Un constat : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » (Genèse 2/18)
Lors de sa création, Dieu place l’homme dans un environnement où le péché n’existe pas, la maladie ou la pression financière, sociale, familiale sont absentes. Tous les besoins de l’humain sont pourvus, et il n’a pas à subir le regard des autres. Enfin, il vit en parfaite communion avec Dieu.
Pourtant, et alors qu’il a tout qualifié de « bon », Dieu déclare pour la première fois dans l’histoire de la création « il n’est pas bon que l’homme soit seul. » D’aucuns diraient qu’il n’est pas seul puisqu’il est avec Dieu, ce qui est vrai ; néanmoins, Dieu perçoit que cette dimension relationnelle n’est pas suffisante. Cette solitude, décrite par Dieu comme un manque de vis-à-vis sur la terre, n’est pas bonne. Et si elle n’est pas bonne dans ce contexte de perfection, elle ne l’est pas plus dans notre contexte actuel.
2/ « Une aide semblable » (Genèse 2/18)
Dieu ne s’arrête pas à constater la solitude de l’homme. Il désire la combler en lui donnant « une aide semblable à lui ».
Il forme alors les animaux qu’il place auprès de l’homme. Il y a là le bétail pour l’aider dans son travail, et toutes sortes d’autres animaux de compagnie ou d’agrément. Mais la solitude de l’homme n’est pas dans son travail, elle est plus profonde qu’un simple besoin de compagnie. Il n’y a parmi eux aucun qui soit une aide semblable à lui.
C’est peut-être votre cas aussi. Malgré bien des recherches dans ce monde, vous n’avez rien trouvé qui soit réellement votre aide semblable, et votre solitude vous pèse. C’est certainement à ce moment que l’on devient prêt pour le mariage. Lorsqu’on finit par comprendre que rien ne peut remplacer celle ou celui qui sera véritablement son aide semblable, la personne qui sera son vis-à-vis de cœur, de foi, d’engagement et de vie.
3/ Tirée de son côté (Genèse 2/21)
Que fait l’Éternel Dieu pour remédier à la solitude de l’homme, vu que rien de ce qu’il a créé ne le satisfait ? Avant de cesser son œuvre créatrice, Dieu entreprend un tout dernier acte. Il forme une femme. À la différence de toutes les autres créatures, il ne la forme pas de la terre, mais il la prend de l’homme, de son côté, du plus profond de lui-même, près de son cœur afin qu’elle soit de la même nature que lui, son vis-à-vis. Sitôt après, il l’amène vers l’homme. L’image n’est pas sans nous rappeler la formation de l’Église tirée de la blessure de Jésus à la croix.
Durant la totalité du processus, Dieu est à l’initiative de tout. Il perçoit la solitude de l’homme et son besoin d’une compagne de vie. Il conçoit une solution et la présente à l’homme.
Dieu connaît nos besoins, tous nos besoins. Il est prêt aussi à y remédier. Pouvons-nous dire à chaque homme qu’il existe une femme que Dieu a préparée pour lui et qu’au temps voulu, il la lui amènera ?
Pouvons-nous dire à chaque femme qu’il existe un homme éprouvant une solitude telle qu’elle seule peut la combler, et que Dieu saura la conduire vers lui ?
Le texte n’est pas une matrice universelle que l’on peut appliquer à n’importe quelle personne. Ne serait-ce que parce que le péché est venu gâcher les choses. Il n’empêche que Dieu est capable d’écrire pour nous les plus belles rencontres.
4/ Ish et Isha (Genèse 2/23)
Dans ce chapitre, écrit à l’origine en hébreu, homme se dit ish, femme se dit ishah. Ces deux mots sont composés chacun de trois lettres : deux sont identiques, la troisième permet la différenciation entre « homme » et « femme ». Il est magnifique de réaliser que les deux lettres différentes qui composent les mots ish et ishah (yod et he’) forment le mot yah signifiant Dieu.
Dit plus simplement, lorsque l’homme et la femme sont pleinement ce qu’ils sont supposés être dans la perspective de ce que Dieu a créé, il apparait au milieu d’eux. Lorsque nous sommes pleinement unis, homme et femme, Dieu « apparait » dans notre humanité.
Mais lorsque nous nous déchirons, et que finalement nous perdons cette touche de Dieu qui fait de nous des hommes, ou des femmes, il ne reste que ces deux lettres que nous avons en commun et qui forment le mot hébreu èch signifiant « feu« dans le sens de destruction.
5/ Conclusion autour de (Genèse 2/24)
Tout ceci nous amène au verset 24 : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. »
Dieu a pensé les choses dans cet ordre : quitter, s’attacher, devenir une seule chair. Si dans notre génération, il est commun de devenir une seule chair, puis de tenter de s’attacher à une personne, rares sont celles et ceux qui parviennent réellement à trouver le bonheur.
Tout simplement parce que nous confondons plaisir et bonheur. La sexualité ne se résume pas au plaisir, mais s’inscrit dans le bonheur. Le plaisir n’apporte pas le bonheur, mais le bonheur contient toutes sortes de plaisirs.
Aussi Dieu a prévu ce processus : la capacité de quitter ses parents nous parle de maturité, d’autonomie, en vue de s’attacher, de tisser des liens avec une personne de manière exclusive, afin de devenir avec elle une SEULE chair.
Soyez alors convaincus que Dieu honore ses promesses quand on honore son plan parfait.
Franck Lefillâtre – Jérémie Poulet
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