Les larmes de Rachel
En son temps, Jérémie avait prophétisé qu’au milieu de l’abondance, des larmes se feraient entendre en Israël, celles de Rachel ayant perdu ses enfants (Jérémie 31/15).
Le samedi 7 octobre dernier devait être en Israël le jour de la fête de la Torah. De Jérusalem jusque dans les kibboutzim, les Juifs devaient se rassembler pour chanter et danser.
Mais la haine et la violence les plus abjectes se sont abattues sans frein sur des communautés en paix et en sécurité. Des hommes, des femmes, des enfants de tous âges ont été sauvagement assassinés ou pris en otage, uniquement parce qu’ils étaient juifs.
Depuis, Rachel pleure ses enfants perdus, et refuse d’être consolée. Nous pleurons avec elle comme nous pleurons avec tous ceux qui, de l’autre côté du mur de séparation, pleurent à leur tour leurs enfants perdus.
Nous nous arrêtons sur les larmes de Rachel, ni pour un cours de géopolitique, ni pour nous lancer dans des anticipations prophétiques, mais pour trouver une consolation et une espérance et pour affirmer que la véritable paix pour le Juif ou l’Arabe, ou tout autre homme, ne peut se trouver qu’en Jésus le Consolateur.
JÉRÉMIE 31
Ce chapitre se compose de trois parties. Chacune rapporte une étape de l’histoire de l’Israël contemporain.
La première, des versets 1 à 14, est introduite par les mots « en ce temps-là… ». Ces temps sont ceux de l’expression « la suite des temps » à la fin du chapitre 30. Ces « temps-là » correspondent à notre siècle.
Cette partie rapporte des paroles de bénédiction. Elle rappelle l’amour éternel de Dieu pour Israël : « Je serai le Dieu de toutes les familles d’Israël, Et ils seront mon peuple… Je t’aime d’un amour éternel. » (v. 1-3). Elle se poursuit par des promesses de restauration : « Je te rétablirai encore, et tu seras rétablie, Vierge d’Israël ! » (v. 4).Il y est aussi question d’abondance : « Tu planteras encore des vignes sur les montagnes de Samarie ; Les planteurs planteront, et cueilleront les fruits. » (v. 5).
La troisième partie s’étend du verset 22 à la fin du chapitre. Elle ouvre une fenêtre sur les temps à venir. S’y trouve cinq fois l’expression : « Voici encore… Voici, les jours viennent… » (v. 23, 27, 31, 33, 38). Dans la première partie, il est question de « ce temps-là » qui s’apparente à notre époque, et dans la troisième, à des jours qui ne sont plus très loin de nous.
Le chapitre atteint son apogée par la glorieuse promesse de la nouvelle alliance : « Voici, les jours viennent, … Où je ferai avec la maison d’Israël et la maison de Juda Une alliance nouvelle » (v. 31).Il se termine par une proclamation solennelle de fidélité de Dieu à l’égard d’Israël et de Jérusalem : « Ainsi parle l’Éternel, qui a fait le soleil pour éclairer le jour, Qui a destiné la lune et les étoiles à éclairer la nuit, Qui soulève la mer et fait mugir ses flots, Lui dont le nom est l’Éternel des armées : Si ces lois viennent à cesser devant moi, dit l’Éternel, La race d’Israël aussi cessera pour toujours d’être une nation devant moi. » (v. 35-36).
Quel glorieux et magnifique chapitre ! Pourtant, au milieu, la deuxième partie,versets 15 à 22, débute avec les larmes de Rachel, inconsolable en raison de la perte de ses enfants. Et donc, entre ces « temps-là » et les jours qui viennent, il y a des larmes.
DES LARMES À RAMA
Rachel est la seconde épouse de Jacob/Israël et la mère de trois tribus d’Israël, celles descendantes de Joseph, son fils aîné, Éphraïm et Manassé, et la tribu de Benjamin, son second fils.
La ville de Rama se situe à huit kilomètres au nord de Jérusalem dans le territoire dévolu à Benjamin. SelonJérémie 40/1, c’est de là que partirent en captivité à Babylone les Judéens vaincus par Nebucadnetsar. On comprend l’image de Rachel pleurant ses captifs. Elle représente toutes les mères en Israël, pleurant sur leurs enfants perdus.
Replaçons ce passage douloureux au sein du chapitre. Dans un premier temps, Israël retrouve sa terre : » je les ramènerai du pays du septentrion, je les rassemblerai des extrémités de la terre… » (v. 8). Israël est apaisé de ses souffrances passées : « ils ne seront plus dans la souffrance » (v. 12). Il se réjouit de la bénédiction que Dieu lui accorde : « je changerai leur deuil en allégresse » (v. 13). Tout comme ces dernières années, Israël savourait sa prospérité, ses réussites et la guérison de ses souffrances passées. C’est alors que, soudainement, se sont fait entendre des cris : « des larmes amères » … des enfants ont été tués ou pris… « Rachel pleure ses enfants ; Elle refuse d’être consolée… Car ils ne sont plus. »
Ce week-end marquait les cinquante ans, un jubilé, du déclenchement de la dernière guerre massive déclenchée contre Israël, celle du 06 au 24 octobre 1973, dite guerre de Kippour. Depuis, Israël a connu un demi-siècle de développement, de prospérité et de paix relative. Fièrement, il est devenu la Start’up Nation, et sa monnaie, la plus forte du monde. Progressivement, il a tourné ses regards de Jérusalem – la religieuse, vers Tel-Aviv – la moderne, l’une des rares villes d’Israël à n’avoir aucune racine biblique, et ce n’est pas anecdotique.
Ce qui devait être un jubilé d’allégresse a fini en larmes amères. Rachel pleure ses enfants insouciants des kibboutzim, et ceux plus inconscients, dansant à la frontière de Gaza. Rachel est inconsolable.
Mais là ne s’arrête pas le passage, car Dieu « entend » ses larmes et son abattement (v. 15). Plus, il « entend » le captif, Éphraïm, le fils de Rachel : « J’entends Éphraïm qui se lamente : Tu m’as châtié… Fais-moi revenir, et je reviendrai… » (v. 18). Du fond de sa captivité, il prie : « Après m’être détourné, j’éprouve du repentir ; Et après avoir reconnu mes fautes, je frappe sur ma cuisse ; Je suis honteux et confus, Car je porte l’opprobre dès ma jeunesse. » (v. 19). Alors Dieu s’émeut : « Mes entrailles sont émues en sa faveur : J’aurai pitié de lui… » (v. 20), et dit à Rachel : « Retiens tes larmes… (Tes enfants) reviendront du pays de l’ennemi… Ils… reviendront dans leur territoire » (v. 16).
Ne sommes-nous pas émus à notre tour devant ces paroles ? Qu’elles s’accomplissent encore et que les enfants perdus reviennent « du pays de l’ennemi… ». Que Rachel soit consolée.
Pour autant, Dieu veut entendre la repentance d’un peuple se comportant de plus en plus comme Éphraïm,avant sa captivité, quand il était dans l’abondance : « L’orgueil d’Israël témoigne contre lui ; Israël et Éphraïm tomberont par leur iniquité… » (Osée 5/5). Trop confiant dans ses armes, sa technologie, son économie et sa modernité, Israël n’est-il pas devenu trop arrogant ?
Quant à l’iniquité… Avez-vous été interpelé par la tragédie de la Rave Party ? Quelques milliers de jeunes réunis pour fêter à leur manière Souccot. Mais comment mélanger une fête de l’Éternel avec un festival de musique psy-trance, originaire de Bahia, au Brésil ? Comment célébrer une fête de l’Éternel en dansant sous une immense idole ? Nous pleurons sur cette jeunesse, ceux assassinés, ceux emmenés de force, ceux marqués à vie. Cette tragédie montre que l’on ne fait pas ce que l’on veut sur la terre d’Israël. Elle est la part du Dieu saint, confiée à Israël en gérance.
À un moment où la jeunesse de Tel Aviv veut vivre de plus en plus à la manière des peuples païens, Dieu lui rappelle qu’il ne peut en être ainsi sur sa terre. Israël doit demeurer un peuple à part des autres, sous risque de jugements. Il est temps qu’Israël se tourne vers son Dieu et se repente. En attendant, nous pleurons avec Rachel.
Le texte de Jérémie ne s’arrête pas là. Au-delà du retour vers son Dieu, à partir du v. 31, il y a l’annonce d’une « alliance nouvelle » : « Je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple. » (v. 33)et « Je pardonnerai leur iniquité, Et je ne me souviendrai plus de leur péché. » (v. 34).Cette prophétie pointe vers le Messie, et cela nous amène dans l’Évangile…
DES LARMES À BETHLÉHEM
Le texte de Matthieu 2/18 met en rapport les enfants perdus de Rama avec ceux assassinés par Hérode à Bethléem. Dans ce commencement de l’Évangile, Rachel pleure encore, le méchant lui a pris ses enfants, ils ne reviendront plus. C’est le célèbre passage du « massacre des innocents ».
Mais dans cette nuit de douleur, un enfant est préservé, celui de Joseph et Marie, Jésus. Il n’est pas fils de Rachel, mais de Léa sa sœur, la première épouse mal-aimée de Jacob, mais à qui est réservée une promesse (Ésaïe 54/1). Les anges et des étrangers célèbrent sa naissance. Cependant, en Israël, mis à part quelques bergers et quelques personnes pieuses, qui se soucie de lui ?
Les Juifs attendaient le Messie, mais ils étaient incapables, par arrogance religieuse, de reconnaître dans l’enfant fragile le Sauveur d’Israël et de l’humanité entière. Le plus terrible est que le seul à avoir compris l’importance de sa naissance, c’est Hérode le sanguinaire, lâchant sa haine sur tous les enfants de la contrée. Et Rachel pleure ses enfants perdus.
Mais dans la nuit la plus sombre, où les cris de lamentations retentissent dans les collines, Dieu préparait la consolation d’Israël et des peuples des nations. Cette consolation, c’est Jésus.
Notre prière pour Rachel est qu’elle soit consolée par le retour de ses enfants repentants, et, encore plus, en entrant de plein cœur dans cette alliance que Jérémie lui a annoncée et qu’elle refuse depuis trop longtemps, en tournant ses regards vers celui qu’ils ont rejeté et percé, Jésus (Zacharie 12/10).
Que vienne le temps où Rachel pleure sur son Messie, comme elle pleure sur ses enfants perdus, afin de connaître la véritable consolation de Dieu.
Enfin, si nous croyons que « le salut vient des Juifs » (Jean 4/22), nous proclamons que Jésus est « mort pour tous » (2 Corinthiens 5/15),pour le Juif premièrement puis pour le Grec, qu’il soit européen, africain, américain, asiatique, ou du Proche-Orient.
Nous prions pour que l’Esprit du Seigneur agisse, tant en Israël que parmi les peuples musulmans de Palestine et d’ailleurs, pour qu’un jour tous les disciples de Jésus entonnent ensemble le cantique des rachetés.
Alors Dieu aura « (essuyé) toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. » (Apocalypse 21/4).
Et Rachel sera consolée pour toujours.
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