Qu’est-ce que la charge mentale ?
Nous avons interrogé Kelly, psychologue chrétienne
Selon l’OMS, la charge mentale se réfère à « la charge cognitive et émotionnelle résultant des exigences et des contraintes de la vie quotidienne, du contexte social dans lequel les individus vivent ».
En d’autres mots, la charge mentale résulte d’une interaction complexe de plusieurs facteurs : des facteurs individuels (santé physique, psychologique, spirituelle), des facteurs relationnels, organisationnels et sociaux (le contexte familial, professionnel, matériel, financier, etc.).
Il n’existe donc pas une seule charge mentale universelle, mais plutôt une diversité de types et de définitions, qui varient selon les contextes et les personnes impliquées.
Plus que la somme de tâches à accomplir et leur réalisation, la charge mentale commence par le fait de penser à l’accomplissement des tâches en question. C’est d’ailleurs ce qui la rend si pesante. Nos pensées sont comme encombrées, car tout au long de la journée, nous nous efforçons de nous souvenir de l’ensemble des choses à faire. Nous nous sentons accaparés par une liste d’actions à ne pas oublier, une liste qui augmente rapidement, car une action en amène une autre, qui en amène une autre et ainsi de suite. Cet empilage d’éléments à se rappeler, d’actions à mener ensuite, crée une source de fatigue mentale et physique très importante.
Deux critères caractérisent la place de cette charge mentale : la durée de la tâche à accomplir (y compris la préparation nécessaire pour y arriver) et l’intensité de la tâche, c’est-à-dire l’effort à fournir pour la réaliser.
Y a-t-il un profil de personnes plus sujettes à une charge mentale ?
Si nous nous référons aux définitions citées, tout être humain vit avec une charge mentale. Nos pensées, nos émotions, nos actes sont mobilisés sur un ensemble de tâches à mener à leur terme. Ce qui varie d’un individu à un autre, c’est le « poids » de cette charge, en fonction de l’environnement, du contexte personnel et professionnel dans lequel chacun vit, ainsi que la quantité, la diversité, la durée et l’intensité des tâches à accomplir au quotidien.
Dans cette question, ce que je peux entendre c’est si certaines personnes seraient plus exposées à du surmenage ? Nous avons des histoires de vie, des parcours très différents. Chacun ressentira donc une charge mentale variable en fonction de qui il est, de ce qu’il vit et c’est ainsi.
Je dirai que, plutôt qu’un profil de personne, ce sont des comportements ou modes de fonctionnement qui peuvent ouvrir la porte au surmenage.
Par exemple se mettre la pression, être dans l’anticipation négative de la tâche avec l’anxiété associée, avoir un niveau d’exigence élevé (le perfectionnisme), ou encore manquer de flexibilité, d’adaptabilité. Il y a aussi les difficultés d’organisation, les problèmes d’attention, de concentration, divers facteurs pouvant accentuer la sensation d’être au milieu d’un chantier sans fin ou d’être sous l’eau.
Certains contextes médicaux ou familiaux vont rendre une personne plus sensible au surmenage. Par exemple, s’il y a des antécédents de troubles anxieux, de dépression, de burn out, ou s’il y a des problèmes de sommeil. Sur le plan familial, un parent isolé, sans relais, sera plus disposé au surmenage que s’il est soutenu par sa famille.
C’est donc l’interaction de divers facteurs qui crée la surcharge mentale. Il est indispensable que cette dernière diminue à un moment, qu’il y ait des pauses. Un contexte où il y a beaucoup de contraintes et peu d’espace pour le rire, la joie, la détente offre une entrée gratuite à l’épuisement.
Y a-t-il des domaines dans lesquels on ne vit pas de charge mentale ?
Je dirai qu’elle est toujours présente, mais qu’elle peut ne pas être vécue comme pesante. Tout dépend de la personne concernée, de sa santé (spirituelle, mentale, physique) et de son contexte de vie.
Il s’agit vraiment de la perception de la charge, c’est-à-dire la manière dont on la ressent, dont on la vit, la place qu’elle prend dans nos pensées. Le cerveau est mobilisé, donc la charge est effective, quel que soit le domaine concerné. Toutefois il est possible de ne pas la ressentir comme pesante, lorsqu’on est en pleine forme, organisé. Cette charge semble aussi allégée lorsque nous travaillons en équipe, dans un contexte personnel et/ou professionnel apaisé par exemple.
Que se passe-t-il en cas de surcharge mentale ?
Dans ce cas, on s’épuise. Il se produit une forme de surmenage pouvant aller jusqu’à un syndrome d’épuisement, autrement appelé le burn out. Il s’agit d’un état d’épuisement émotionnel, mental et physique résultant d’un stress chronique. Il est très connu en ce qui concerne le domaine professionnel, car c’est le seul domaine dans lequel ce syndrome est médicalement reconnu. Toutefois nous entendons de plus en plus parler d’autres types d’épuisement, tels que le burn out parental ou familial, le burn out scolaire, social et émotionnel.
Le burn out professionnel : ce syndrome d’épuisement se traduit par une « fatigue physique, psychologique, émotionnelle, liée aux conditions de travail ».
Le burn out parental ou familial : il est caractérisé par la présence concomitante de trois symptômes spécifiques, un épuisement physique et psychique associé au rôle de parent, une distanciation affective d’avec les enfants, une perte d’épanouissement et d’efficacité dans son rôle parental.
Le burn out scolaire : il se caractérise par un épuisement physique, émotionnel et mental, causé par un stress chronique lié à la surcharge de travail académique, aux attentes élevées des enseignants ou des parents, et à la pression de réussir dans un environnement éducatif compétitif. Les étudiants atteints de burn out scolaire peuvent ressentir un sentiment d’épuisement, de désespoir, de démotivation et une diminution de l’estime de soi.
Le burn out social : c’est lorsque la charge d’inquiétude, de craintes et de peurs relatives à vos relations familiales et/ou amicales vous épuise. Votre investissement dans ces relations est tel que vous vous perdez vous-mêmes. Vous n’avez plus d’énergie pour prendre soin de vous.
Le burn out émotionnel : il se caractérise par un état d’épuisement psychologique souvent entraîné par un trop plein émotionnel, une situation source d’anxiété qui a duré des semaines, voire des mois, une succession d’événements intenses en émotions désagréables (par exemple un licenciement, un déménagement, un deuil, des difficultés financières, auxquels s’ajoutent l’annonce d’une maladie).
Peut-on déléguer la charge mentale ?
On peut déléguer des tâches afin de réduire notre charge mentale. Si quelqu’un d’autre y pense et le fait à notre place, c’est un poids en moins à porter. Ce qui n’est pas négligeable quand on porte déjà beaucoup.
D’ailleurs, vous avez peut-être entendu parler de la matrice d’Eisenhower (ancien président des États-Unis). Elle est souvent utilisée pour déterminer les priorités et s’organiser.
Quelles sont les astuces pour équilibrer sa charge mentale ?
Il s’agit d’astuces qui permettent soit de partager la charge, soit d’en réduire la sensation pesante.
Dans la mesure où nous sommes des êtres spirituels dotés d’une âme vivant dans un corps, il me semble intéressant de voir des astuces qui tiennent compte des trois domaines, spirituel, psycho-affectif et physique. Après tout, entretenir une bonne santé globale, c’est tendre vers un équilibre entre ces différentes sphères en constante interaction.
En tant que chrétiens, la Bible nous encourage à nous décharger sur Jésus :
« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. » (Matthieu 11/28-30).
Pouvoir recharger les batteries dans la louange, l’adoration, la prière en langues pour ceux qui le peuvent, sont tout autant de manières d’alléger la charge mentale car elle est partagée avec « Celui qui peut tout ». J’aime beaucoup cette citation : « L’inquiétude est une conversation que vous avez avec vous-mêmes à propos d’éléments que vous ne pouvez pas changer. La prière est une conversation que vous avez avec Dieu à propos de ce que LUI peut changer. » Donc une des astuces, c’est d’impliquer Dieu dans ce que nous avons à faire, lui remettre cette charge, lui demander son inspiration, son conseil sur les manières de la gérer avec sagesse.
Les pensées sont les premières touchées dans la charge mentale, ensuite ce sont les émotions. Il est donc bon de se ménager un temps pour laisser l’inquiétude, la peur, le stress, la fatigue, à Dieu et lui demander sa paix, sa sécurité, son calme, sa force.
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Réduire la charge mentale passe aussi par le fait de faire preuve de flexibilité, réussir à prendre du recul et accepter de lâcher prise par rapport aux attentes, aux exigences.
La flexibilité est cette capacité à s’adapter aux situations qui se présentent. La rigidité est source de stress. Le fait de s’acharner dans une unique manière d’envisager la réalisation d’une tâche provoque une panique totale lorsque l’imprévu pointe le bout de nez. La flexibilité, tel un roseau qui plie mais ne casse pas, permet de faire face aux aléas en relativisant, en lâchant prise, c’est-à-dire en acceptant que tout ne se passe pas comme vous le voudriez, mais puisse malgré tout bien se passer. L’essentiel est que l’objectif soit atteint, peu importe la manière de faire, le chemin emprunté, tant que c’est en accord avec vos valeurs.
Il est essentiel de prendre du recul sur le niveau d’importance des tâches à accomplir, notre part de responsabilité et les conséquences. Dans bien des situations, le simple fait de nous rappeler notre champ de responsabilités et de remettre celles des autres à leurs propriétaires respectifs soulage. Chacun de nous fait de son mieux avec les moyens qu’il a. Et dans certains cas, réduire la charge mentale, c’est accepter que ça ne sera pas parfait, qu’il y aura peut-être un jour ou deux de retard sur le timing ou des objectifs à revoir afin qu’ils soient humainement réalisables.
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Une précieuse astuce, évoquée précédemment afin de réduire la charge mentale, est de déléguer. Nous ne sommes pas obligés de tout faire nous-mêmes.
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Écrire aide à décharger la mémoire. C’est donc un excellent moyen de réduire la charge mentale. Ce qui est sur le papier ou dans nos notes numériques -de téléphone ou d’ordinateur- n’a plus besoin de tourner dans notre tête avec l’alerte « ne pas oublier ». Il ne s’agit pas forcément de noter une liste de choses à faire, mais de noter tout ce qui vous passe par la tête : cela peut être des idées, des ressentis. Vous remarquerez un double effet, à savoir de la clarté et de l’apaisement.
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Il y a aussi la possibilité de se mettre des rappels, des alarmes associés à certaines activités, afin d’éviter d’avoir à constamment surveiller l’heure. Cela soulage grandement notre cerveau.
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Sur le plan relationnel, on peut passer des moments agréables avec nos proches. Les relations de qualité remplissent nos vases affectifs, ce qui contribue à un vécu moins pesant de la charge mentale. Discuter, échanger avec une personne à l’écoute, empathique, aide à se libérer de ce poids et parfois même à trouver des idées : « deux cerveaux valent mieux qu’un ».
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Enfin, il y a aussi les astuces qui permettent de réduire le message de stress lié à la charge mentale en passant par le corps : rire, faire du sport, bien s’hydrater, avoir une alimentation équilibrée en évitant la surconsommation d’excitants ou de sucre, faire des pauses. S’accorder un temps de repos permet au cerveau de récupérer. Le sommeil est indispensable à notre efficacité et à la régulation de nos émotions.
La liste n’est pas exhaustive, le tout est de trouver ce qui fonctionne bien pour vous.
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