La charge mentale et le ministère pastoral

Par Marc BRETÉCHER, pasteur à Andrézieux-Bouthéon

Dans un langage religieux, on dit parfois qu’un pasteur DÉLIVRE un message, que nous allons PORTER des prières devant le trône de Dieu, et l’apôtre Paul déclare que l’Évangile est une CHARGE que Dieu lui a confiée (1 Corinthiens 9/17).

Qui que nous soyons et quoi que nous ayons reçu du Seigneur, nous réalisons que la dimension et l’œuvre de Dieu sont trop grandes, trop puissantes et trop lourdes pour des êtres humains comme nous. En effet, rien n’est comparable entre le céleste et le terrestre, entre l’infini et le limité, entre l’éternel et le temporaire. Si nous étions si forts que certains le prétendent, nous ne serions pas des hommes mais des dieux. Bien sûr, c’est absurde !

C’est pourquoi, quand on marche avec Dieu, on réalise très vite que, malgré la grâce, les dons et l’équipement divins, nous sommes avec des défis, des difficultés et des charges qui nous dépassent. L’enjeu est céleste alors que nous sommes terrestres.

Cela nous met alors dans une perspective particulière.

IL N’EST DONC PAS ÉTONNANT DE CROULER SOUS LA CHARGE DU SERVICE À UN MOMENT OU À UN AUTRE

Bien souvent, nous pensons être comme Dieu, alors que nous ne sommes qu’à l’image de Dieu. Donc, n’étant pas l’original, nous ne sommes pas en mesure physiquement, spirituellement, moralement ou émotionnellement, de tenir seuls devant les enjeux de la vie et du ministère. Autrement dit, nul n’est suffisant pour ces choses.

Je ne connais pas un seul pasteur, un seul enfant de Dieu qui n’ait pas croulé, à différents niveaux, au cours de son ministère ou de sa marche avec Jésus-Christ. Pour l’un c’était à cause de la famille, du couple ou des enfants, pour d’autres à cause du deuil ou des finances, ou encore à cause de problèmes liés au travail ou au service, à cause de menaces et manœuvres diaboliques inhérentes à la marche chrétienne.

Cependant, nous ne pouvons que rappeler cette réalité :

« Le malheur atteint souvent le juste mais l’Éternel l’en délivre toujours. » (Psaume 34/20).

JE SUIS PASSÉ PAR DES MOMENTS OÙ LA CHARGE DU MINISTÈRE M’A STOPPÉ NET

Chaque serviteur ou servante de Dieu se retrouve à un moment donné pris par des difficultés, des luttes, des attaques, externes ou internes à l’église, la maladie, des crises familiales, etc. La liste n’est pas exhaustive. Parfois, c’est une multitude de cailloux et de chardons qui s’accumulent.

Il y a quelques années, je me trouvais dans une église où il y avait tout un historique compliqué. En arrivant, de très nombreux défis étaient à relever : besoin d’un nouveau bâtiment, de trouver un financement stable, nécessité d’un nouveau souffle dans la communion fraternelle, de réorganiser l’Église pour entrer dans une nouvelle dimension de vie de l’Esprit. Puis, quelque temps après, nous comptions neuf membres de notre famille avec des cancers, dont deux qui en sont décédés, notamment ma maman. En plus de tous ces éléments, je me suis engagé à gérer et à administrer de nombreuses œuvres et associations locales, régionales et nationales. Il y a des versets, comme celui qui dit « tout ce que ta main trouve avec ta force, fais-le » (Ecclésiaste 9/10), qui peuvent amener à SURCHARGER le ministère qui a été donné par Dieu. Seulement, lorsqu’il y a des besoins importants et urgents auxquels on peut répondre, il est difficile de refuser. Faites tout pour la gloire de Dieu !

L’accumulation de charges, d’outrages et de pressions m’ont amené à un arrêt dans mon corps et dans ma tête. J’étais épuisé physiquement et émotionnellement, bien que spirituellement j’allais plutôt bien. Je savais que Dieu était tout puissant, qu’il était avec moi et agréait ce que je faisais dans mon ministère. Cependant, j’étais sans force et sans moyen de rebondir tant les attaques et pressions étaient nombreuses et violentes.

DE L’EFFONDREMENT AU RELÈVEMENT

Un médecin m’a dit que lorsque l’on était au fond de la piscine, on ne pouvait que remonter à la surface. Cela dit, j’ai remarqué que certaines piscines avaient des profondeurs abyssales.

Il faut noter qu’il y a des éléments qui m’ont permis de tenir et de rebondir. Tout d’abord, je demeure, depuis des décennies, pleinement convaincu de l’amour de Dieu pour moi et de la véracité de la Parole de Dieu (Jean 3/16 ; 2 Timothée 3/16-17 ; Psaume 19/8-12).

Je me suis également, depuis longtemps, armé de la pensée de souffrir en faisant le bien (1 Pierre 4/1 ; 3/17 ; 2 Timothée 3/12).

Il est aussi nécessaire de s’appuyer sur les valeurs sûres (notre appel de Dieu au service, Jésus-Christ le rocher des siècles, ce que Dieu dit, la prière). Ce sont des points majeurs.

Il est également important d’avoir un entourage bienveillant et stabilisant (famille, amis, thérapeute, pasteur) qui n’enfoncera pas mais qui pourra aider à une lecture pragmatique et émotionnelle différente. De plus, ces personnes de confiance qui nous entourent doivent avoir le droit de nous dire ce qu’elles pensent sans que nous nous fermions, tout en gardant la confidentialité. Sans famille et sans vrais amis, que la vie est compliquée ! Même trahi ou abusé un jour, continuez à vous ouvrir, en espérant que vous pourrez à nouveau faire confiance.

Aujourd’hui, Dieu m’a complètement relevé et j’ai appris à compter encore plus sur sa fidélité.

CE QUI DEMEURERA

Il y a dans la Bible, dans ce merveilleux chapitre 13 de 1 Corinthiens, trois éléments qui demeureront : la foi, l’espérance et l’amour. La plus grande des choses qui demeure est l’amour, qui doit rester toujours à l’image de celui de notre Seigneur (Philippiens 2/5). Dans ce que je viens de partager avec vous, il est important de mettre toujours en avant votre amour pour Dieu et pour votre prochain.

LA VIE ET LE MINISTÈRE SONT UNE CHARGE, MAIS JÉSUS-CHRIST VEUT DÉCHARGER PROVIDENTIELLEMENT

Méditez régulièrement ce merveilleux passage de Matthieu 11/28-30. Il s’adresse en priorité aux disciples de Jésus-Christ !

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