Allo ? Oui, # MeVoici, envoie-moi !
On est en 2009, il fait très chaud, je suis au congrès DNJ, debout dans les rangs du fond de l’immense salle. Et là, mon cœur bat à tout rompre. Le prédicateur vient de faire un appel, la moitié des gens de la salle s’est avancée. « Oh non ! Je vais devoir faire quelque chose que je n’aime pas… Comment mon cœur peut-il battre aussi fort alors que je suis immobile ? Allez ! J’y vais ! ». Je m’avance pour rejoindre le flot des jeunes. Je suis profondément bouleversée. Est-ce l’effet de groupe ? Dans tous les cas, je n’ai plus rien à perdre : » Seigneur, je veux répondre à ton appel, je veux te servir, je ne veux plus vivre pour moi-même ! Me voici, envoie-moi ! ». Je ne le sais pas encore, mais cette année-là, dès la rentrée de septembre, ma vie va changer.
Treize ans plus tard, confortablement assise sur un fauteuil rose, je fixe Louisa qui répète sa question : » Ça veut dire quoi répondre à l’appel de Dieu ? ”. Je me revois en flashback au congrès DNJ ressentir l’appel de Dieu… Mais comment on explique cela ? Louisa a l’art de poser les bonnes questions, celles qui te font toi-même réfléchir.
L’appel de Dieu, qu’est-ce que ça veut dire ? Je prends une profonde inspiration… Repensons à ce qui se passe dans la Bible. Alors qu’il est jeune, Jérémie reçoit ces paroles de Dieu : » Je te connaissais avant même de t’avoir façonné dans le ventre de ta mère ; je t’ai mis à part pour me servir avant même que tu sois né. Et j’ai fait de toi mon porte-parole auprès des peuples » (Jr 1.5). Ou, autre exemple, lorsque Dieu demande à Ésaïe : « Qui vais-je envoyer ? Qui sera notre porte-parole ? « Ésaïe répond « Me voici, envoie-moi ! « (Es 6.8). Mais son appel n’a pas l’air si insignifiant quand on est attentif à ce que Dieu lui dit : « Va dire à ce peuple : vous aurez beau écouter, vous n’entendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas » (Es 6.9). Et passons l’exemple de Moïse que l’on connaît tous. Quand on y réfléchit, les serviteurs et les servantes de Dieu ont tous été appelés à un moment donné, mais de manières tellement variées.
Si on parle « d’appel », c’est qu’il y a une relation. Il y a forcément une personne à chaque bout du fil… Revenons à mon histoire. Pensez-vous que lorsque j’ai répondu à l’appel de Dieu, ce soir-là, je savais à quoi j’étais appelée ? Pas du tout ! M’avancer, alors que je sentais l’Esprit Saint me parler, c’était déjà une façon de répondre à l’appel. Ensuite, l’appel s’est précisé peu à peu et aujourd’hui, je suis capable de dire à Louisa en quoi consiste précisément cet appel à travers ma vie. Mais finalement, le premier pas, c’est de dire Oui Seigneur aide-moi à te servir ! Aide-moi à répondre à ton appel ! En d’autres termes, le premier pas, c’est de répondre à l’appel, de décrocher le téléphone et de dire « Oui, je le veux « .
On est tous différents, mais on a tous des capacités pour servir Dieu. À quoi Dieu nous appelle-t-il ? Jésus explique à un spécialiste de l’Écriture que les deux plus grands commandements consistent à aimer Dieu et à aimer son prochain (Mt 22.37-39). Nous sommes appelés à manifester l’amour au travers de nos vies, de nos dons, de nos paroles. Cependant, la richesse de l’Église, c’est que nous le faisons tous de manière différente, selon qui nous sommes ! C’est pourquoi, nous sommes tous utiles, je le répète : nous servons tous à quelque chose (Rm 12.6).
Aujourd’hui, ma nièce Anaïah a choisi de se faire baptiser. Quand je dis aujourd’hui, c’est vraiment aujourd’hui puisque le service de baptême commence dans quelques heures. Quelle joie de la voir choisir le meilleur pour sa vie alors qu’elle est encore jeune ! Répondre à l’appel de Dieu quand on est jeune – et moins jeune –, c’est choisir de laisser Dieu nous aider à bâtir nos vies. Avec les ados, j’aime prendre cette image pour leur parler : on te propose deux chemins, un qui mène à la perdition et l’autre au bonheur et à la vie éternelle. Mais comme on est » intelligent « , on se dit : « J’aimerais bien tester le chemin qui mène à la perdition, ça doit-être pas mal ! Pourquoi choisir celui qui mène au bonheur ? Être heureux, c’est ennuyant ! Non, je préfère la voie plus palpitante du chemin qui mène à la mort « .
Louisa, Anaïah ou toi, lecteur : tu es libre de choisir ; c’est le principe du libre-arbitre. Sur quelle voie crois-tu que Dieu t’appelle à marcher ? J’en reviens alors au contenu de l’appel : si tu crois fermement que Dieu veut le meilleur pour toi, alors tu es d’accord avec moi pour dire que ce qu’il veut pour toi est bon !
Or, tu n’es pas tout seul, tu fais partie d’un corps : l’Église. J’en arrive donc à mon dernier point : quel est le contenu de ton appel ? Roberts Liardon évoque l’équipe qui travaillait avec le missionnaire William Carey : « (…) ce furent toujours des hommes et des femmes qui partageaient la vision de leur conducteur. Ils n’avaient aucun problème d’ego[1]. Ils connaissaient parfaitement le rôle qu’ils avaient à accomplir dans l’œuvre de Christ (…) Aujourd’hui (…) bien des gens ne veulent pas rester dans l’ombre d’un dirigeant (…). Mais au lieu de vouloir être célèbres, nous devons plutôt chercher quel rôle nous sommes appelés à pratiquer dans l’équipe. Que devons-nous accomplir, non pour briller, mais pour contribuer à l’avancement du royaume de Dieu ? » (p. 133). En d’autres termes, on ne se sert pas de Dieu pour satisfaire son ego. On a tous une place, il faut juste la découvrir petit à petit. On ne sera pas tous prédicateur – service souvent mis en avant – mais le plus important, c’est d’être à la bonne place avec les dons et les capacités que Dieu nous a donné. Et comme le disait mon amie Nadia, l’appel de Dieu n’est pas limité à la sphère de l’Église, il touche tous les domaines de la vie : tes études, ton travail, ton temps libre, tes relations, etc. L’appel de Dieu n’est-il pas finalement un mode de vie qui se vit quotidiennement ?
Élisabeth Schulz, pour MOOV
[1]
Aujourd’hui, pour nous aider à faire face à des problèmes comme l’estime de soi, nous avons accès à des conseillers en relation d’aide ou des psychologues.
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