Description

Voyez-vous comme Dieu voit ?                                                                                                                                                             

Editorial de Benjamin LAMOTTE-AUGRIS

J’ai été interpellé lorsqu’au dernier congrès des pasteurs, Rémi Lours a introduit la présentation du travail parmi le peuple sourd de France (six millions de personnes concernées) en disant que tous les porteurs de lunettes ont eux aussi un handicap. Pourtant, nous ne prions pas Dieu pour être guéris. Nous sommes nombreux à porter des lunettes et cela ne pose pas pour nous un problème d’ordre spirituel. À ce moment là, nous nous sommes sentis déjà un peu plus concernés par le thème du handicap.

Cependant, nous nous évertuons à penser que les personnes en situation de handicap devraient toutes être guéries car nous voyons une apparente anormalité qui ne serait pas voulue dans le plan divin.

Sommes-nous vraiment bien placés pour cela ? Je me suis interrogé. Et alors que le dossier de ce numéro se constituait, le titre est passé de « Tous concernés » à cette question « Anormalité ou richesse divine ? »

Sans nier ou minimiser les problèmes quotidiens que peut engendrer un handicap, quel qu’il soit, ni oublier la charge que cela peut représenter pour les aidants, j’ai commencé à voir autrement et peut-être comme Dieu voit.

Je me suis alors rappelé certaines vacances d’été, passées avec ma famille au Refuge, en Alsace. J’y ai connu plusieurs chrétiens ou chrétiennes dont les capacités intellectuelles étaient davantage limitées, parfois à la suite de souffrances profondes dans leur vie passée, parfois  à cause d’anomalies génétiques.

Je me souviens d’Agnès, avec son style vestimentaire, sa manière de marcher et de parler très spécifique, mais qui était d’une grande fidélité envers Dieu dans tous les domaines, et qui économisait toute l’année pour pouvoir payer ces vacances avec Dieu. Et quand venait le temps des réunions, elle donnait des prophéties d’une profondeur et d’une précision que l’on entend rarement aujourd’hui.

Il y avait aussi Paul, un jeune porteur de la trisomie 21, qui avait un cœur immense, prenant chacun dans ses bras. De la même manière, il apportait des paroles de connaissance aux réunions.

Notre regard peut être méprisant, avouons-le, à l’instar de notre nature humaine charnelle, mais au contact de telles personnalités, nous sommes rappelés à plus d’humilité, et tout change.

Et si Dieu manifestait sa grandeur au travers de mon frère, ma sœur, porteur d’un handicap ? Et si Dieu l’utilisait pour me parler, me donner des leçons de vie, me faire grandir ? Il est souverain. Il peut guérir, tout comme il peut dire : « Ma grâce te suffit. »

Sachons donc mettre en valeur les trésors de vie que l’Éternel a placé au milieu de son peuple et honorons-les, entourons-les en portant les lunettes divines.